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Le géant pharmaceutique japonais Kobayashi impliqué dans un scandale d’intoxication alimentaire

Un panneau d'affichage pour la société Kobayashi à Tokyo le 28 mars 2024.

Le géant pharmaceutique japonais Kobayashi est secoué depuis des mois par un scandale impliquant des intoxications mortelles causées par la consommation de ses compléments alimentaires à base de levure de riz rouge, ou bon koji.

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L’empoisonnement, qui a provoqué de graves problèmes rénaux, a déjà causé la mort de soixante-seize personnes, a admis l’entreprise vendredi 28 juin. Le 30 juin, Yoshitaka Isaka, vice-président de la Société japonaise de néphrologie, expliquait que 85% de la centaine de victimes qui n’étaient pas mortes garderaient des séquelles à vie.

Kobayashi est également dans le viseur du ministère de la Santé, qui lui reproche son manque de coopération et de réactivité, une attitude qualifiée de «  regrettable » par le ministre Keizo Takemi : « L’enquête ne peut pas rester entre les mains de Kobayashi. Le ministère s’en chargera. »

Vent de panique

La première alerte est arrivée à la mi-janvier. Des médecins ont signalé à Kobayashi des problèmes rénaux chez des patients ayant pris des compléments alimentaires, en l’occurrence Beni Koji Choleste Help, censés réduire le « mauvais » cholestérol LDL. Mais l’alerte est restée sans réponse, et ce n’est qu’en mars que l’entreprise a signalé cinq décès au gouvernement. Elle a en même temps annoncé le rappel des produits incriminés.

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Il a fallu plusieurs injonctions du ministère pour que le groupe familial, fondé en 1886 à Osaka, dévoile davantage d’informations. Kobayashi a évoqué des difficultés à établir un lien entre des problèmes de santé et la consommation de ses produits. Depuis les révélations de mars, le groupe a enquêté sur 1 656 consultations, 289 hospitalisations et 170 décès. Sur ces 170 décès, 76 sont donc liés à la consommation de ses produits.

L’affaire a suscité la panique car Kobayashi vend sa levure – un produit traditionnel utilisé en Asie comme complément alimentaire, exhausteur de goût ou colorant dans le saké, le miso et la médecine traditionnelle – à 173 entreprises au Japon et deux à Taiwan. Les groupes taïwanais ont rappelé 154 produits en contenant par mesure de précaution, a indiqué Taipei.

Moisissure bleue

La cause de l’empoisonnement elle-même tarde à être établie précisément. L’une des cinq premières victimes signalées n’en avait pas consommé. Les décès seraient dus à une contamination à l’acide pubérulique, un composé toxique d’origine naturelle issu d’une moisissure bleue trouvée dans l’usine d’Osaka d’où sont sortis les produits incriminés entre avril et octobre 2023. L’usine vieillissante a été fermée en décembre. La production des ingrédients de la levure de riz rouge se fait désormais dans la préfecture de Wakayama (ouest).

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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