le gang ukrainien revendait aux Emirats les voitures qu’il louait en France

Coup dur pour le crime organisé. Un gang ukrainien, mais également composé de membres français, russes et lettons, a été démantelé après un an d’enquête par les gendarmes de la section de recherches de Marseille et par l’Office central de lutte contre la délinquance ambulante (OCLDI), a appris Le Figaro de source proche du dossier ce vendredi 31 mai, confirmant une information de Parisien .

Les premières actions du gang remontent à août 2022. Le groupe criminel est spécialisé dans le détournement de véhicules, empruntés à des loueurs européens. Implantés en Espagne, en Suisse, en Autriche, en Belgique, au Portugal et en France, souvent à proximité des aéroports, ils sont nombreux à être victimes de ce réseau composé d’au moins 60 ressortissants. « essentiellement » Ukrainiens.

Des femmes avec de faux papiers pour louer des véhicules

Leur mode opératoire est formidable. Pour louer les véhicules, les membres du clan amadouent les agences avec des femmes munies de faux papiers. Ils paient pour emprunter de puissantes berlines pendant quelques jours… avant de disparaître. Les véhicules sont ensuite acheminés vers un port à destination des Émirats arabes unis, ou vers des pays d’Europe de l’Est, où il est plus facile de se cacher. Les voitures de luxe sont ensuite vendues secrètement et ne sont jamais retrouvées.

Au moins 35 détournements ont été dénombrés par les autorités en quelques mois seulement. Le préjudice est estimé à deux millions d’euros. Face à ce réseau tentaculaire, une équipe commune d’enquête (JIT), réunissant l’Espagne, la France, l’Ukraine et la Pologne, a été créée le 14 mars 2024. Soit un peu moins d’un an après l’ouverture d’une enquête par le Tribunal judiciaire de Grasse.

Armes et grenades saisies

Une opération conjointe a été mise en place le 21 mai. 90 militaires sont mobilisés par l’OCLDI et la section de recherche de Marseille, sous l’égide d’Europol et d’Eurojust. Plus de 70 perquisitions ont été effectuées, au cours desquelles 132 165 euros et un véhicule BMW X1 ont été saisis comme avoirs criminels. Six véhicules volés ont été retrouvés, dont 4 en Espagne, ainsi que des armes de guerre avec des chargeurs et des munitions de calibre 7,62 mm. Quatre fusils, une arme de poing, trois grenades défensives, plusieurs dizaines de documents administratifs contrefaits ainsi que de la fausse monnaie ont également été saisis.

« De nombreuses arrestations » sont effectués, nous dit-on. Treize personnes sont mises en cause : sept en France, dont une « cible de grande valeur », cinq en Espagne et un en Ukraine. Au total, onze d’entre eux ont été mis en examen et placés en détention provisoire.