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Le Gabon du général Oligui Nguema « se réapproprie » une partie de son pétrole

Une plate-forme pétrolière au large de Port-Gentil, au Gabon, en janvier 2017.

Le tapis rouge a été déroulé devant un parterre d’officiers et de civils. Lundi 1euh En juillet, au palais présidentiel de Bord de Mer, à Libreville, le général Brice Oligui Nguema a célébré la nationalisation de la compagnie pétrolière Assala Energy. Auparavant détenue par le fonds d’investissement américain Carlyle, elle appartient désormais à l’entreprise publique Gabon Oil Company (GOC).

Bien que cette nationalisation soit officielle depuis février, elle est revenue sur le devant de la scène lors de la cérémonie de remise des documents de rachat. Il s’agit sans aucun doute d’une forme d’affirmation de notre souveraineté. « , « Nous sommes en train de nous ravitailler en carburant », a déclaré le président de la transition au Gabon. L’enjeu économique est de taille pour le pays, dont le pétrole représentait 68% des exportations en 2023. «  Le Gabon vient de se reconquérir, soixante-sept ans plus tard (la première exportation d’or noir)une part importante de son pétrole. (Que) nous permet désormais de produire 25% de notre production nationale », a développé Brice Oligui Nguema.

Assala Energy, deuxième plus grande compagnie pétrolière du Gabon derrière le groupe franco-britannique Perenco, produit en moyenne 45 000 barils de pétrole par jour. Un accord de vente avait été conclu avec une société française, Maurel & Prom, en août 2023, avant que l’État gabonais n’exerce son droit de préemption. C’est ainsi que GOC a racheté Assala pour un montant d’environ 1,3 milliard de dollars (environ 1,2 milliard d’euros au taux de change actuel).

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L’objectif est clair pour les autorités de transition : bénéficier des retombées économiques de l’activité pétrolière du pays, dont les revenus ont été accaparés pendant des décennies par la famille Bongo, au pouvoir de 1967 jusqu’au coup d’État du général Oligui Nguema contre Ali Bongo Ondimba le 30 août 2023. « Oligui Nguema devait démontrer sa capacité à proposer autre chose et à rompre avec les pratiques des régimes d’Omar et d’Ali Bongo, notamment celle de l’enrichissement personnel au détriment du bien-être de la population », a-t-il ajouté. explique Remadji Hoinathy, chercheur à l’Institut d’études de sécurité (ISS).

Toutefois, il faudra peut-être un certain temps à GOC pour bénéficier de l’acquisition d’Assala Energy. «  Le prix des actifs est bien supérieur à leur valeur réelle, que de nombreux traders estiment à un maximum de 700 à 800 millions de dollars. Cette opération sera donc particulièrement difficile à rentabiliser », a-t-il ajouté. affirme Benjamin Augé, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI).

Le GOC attendu à un tournant

Pour financer le rachat, l’Etat a contracté un emprunt auprès du fonds suisse Gunvor. Le PDG du GOC a expliqué le 7 juillet que le remboursement de 1,055 milliard de dollars s’étalerait sur cinq ans. «  Nous rembourserons, à partir de septembre, la somme de 20 millions de dollars par mois », a-t-il déclaré lors d’une interview sur la chaîne Gabon 1ère.

Racheter Assala Energy, c’est aussi se retrouver à gérer un quart de la production pétrolière gabonaise et donc assumer une responsabilité bien plus élevée que celle assumée jusqu’à présent. Si la nationalisation semble accueillie avec fierté, y compris dans le secteur pétrolier, GOC devrait faire une percée. «  « Elle va gérer un actif beaucoup plus important que ce à quoi elle est habituée. Pour l’instant, elle n’opère que sur de petits gisements. Il y a donc un véritable défi quant à sa capacité à gérer des gisements aussi vastes et complexes », a-t-il ajouté. explique Benjamin Augé.

Des investissements devront également être réalisés. Certaines infrastructures sont anciennes, comme le terminal pétrolier de Gamba, qui a plus de 50 ans et dont les actifs ont été vendus à Assala Energy par Shell en 2017. Assala a depuis investi dans le terminal, mais «  « en préservant son intégrité technique » rester «  un grand défi”, déclare Aristide Nyamat Bantsiva, ancien directeur de Shell Gabon.

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Pour Brice Oligui Nguema, cette nationalisation lui permet également de montrer qu’il tient l’une des promesses clés exprimées lors de sa prise de pouvoir : celle de transformer l’économie pour qu’elle profite au peuple gabonais. «  Ce geste est une manière de montrer à ses compatriotes que le pays est entré dans une nouvelle ère où le Gabon tente, dans une certaine mesure, de recouvrer sa souveraineté économique. « , déclare Remadji Hoinathy.

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Brice Oligui Nguema, qui critique régulièrement la gestion du pays par la dynastie Bongo, avait exprimé sa volonté de mettre fin à la « corruption massive » et à un « gouvernance catastrophique ». En mars, les autorités de transition ont annoncé le lancement d’un audit de Delta Synergie, la holding de la famille Bongo, qui a des ramifications dans divers secteurs de l’économie gabonaise.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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