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Le G20 fait un premier pas

Taxer les plus riches a toujours été un sujet de débat en France. Lors de la dernière campagne des législatives anticipées, le Nouveau Front populaire avait promis de taxer les plus riches une fois à Matignon. Vendredi 26 juillet, le sujet a été évoqué lors de la réunion des ministres des Finances du G20. Une décision historique a été prise. Mais sera-t-elle ratifiée lors du sommet des pays les plus riches, prévu en novembre prochain ?

La réunion des ministres du G20, qui s’est tenue à Rio de Janeiro, au Brésil, a été marquée par l’engagement des économies les plus riches de la planète à « coopérer » pour taxer davantage les plus riches, au nom de la lutte contre les inégalités. « Dans le plein respect de la souveraineté fiscale, nous nous efforcerons de coopérer pour garantir que les personnes très riches soient effectivement imposées », peut-on lire dans le communiqué marquant cette réunion de deux jours, dont le thème était la « coopération fiscale internationale ».

En effet, la déclaration publiée à l’issue de cette réunion préparatoire au prochain sommet des chefs d’État du G20, prévu les 18 et 19 novembre à Rio, souligne que « les inégalités de richesse et de revenus compromettent la croissance économique et la cohésion sociale et aggravent les vulnérabilités sociales », et prône « des politiques fiscales efficaces, équitables et progressives ».

De son côté, lors d’une conférence organisée à la fin des travaux, le ministre brésilien des Finances, Fernando Haddad, a plaidé en faveur de la taxation des plus riches. Il a déclaré que « d’un point de vue moral, il est important que les vingt nations les plus riches considèrent que nous avons un problème qui est d’avoir une taxation progressive sur les pauvres et non sur les riches ».

Pour Fernando Haddad, dont le pays préside le groupe cette année, les pays du G20 ont exprimé leur accord pour « œuvrer pour des systèmes fiscaux plus transparents, justes et équitables, y compris pour les ultra-riches, qui doivent contribuer à des sociétés plus égalitaires et durables ».

De son côté, considérant que « la promotion de la justice fiscale contribue à l’acceptation sociale de ces décisions », le Fonds monétaire international (FMI), par l’intermédiaire de sa directrice générale, Kristalina Georgieva, a salué « la vision commune des ministres du G20 sur la fiscalité progressive comme opportune et bienvenue, car la nécessité de reconstituer les réserves budgétaires tout en répondant aux besoins sociaux et de développement implique des décisions difficiles dans de nombreux pays ».

La France soutient l’idée de taxer les plus riches à l’international

Il faut également noter que la taxation internationale des super-riches, soutenue par la France, l’Afrique du Sud, l’Espagne et l’Union africaine lors de la réunion, a été contestée par les États-Unis et l’Allemagne. En effet, l’idée de créer un impôt mondial, prônée par le Brésil, a été rejetée par les États-Unis qui, même s’ils souhaitent que les plus riches paient leur juste part, considèrent que la fiscalité reste avant tout une affaire interne à chaque pays. L’Allemagne, de son côté, s’est farouchement opposée à cette idée.

« Pour la première fois dans l’histoire, les pays du G20 s’accordent sur la nécessité de changer la manière dont nous taxons les super-riches », a déclaré l’économiste français Gabriel Zucman. Le prix Nobel d’économie américain Joseph Stiglitz a appelé à des normes minimales internationales coordonnées pour cette taxation. Reprenant l’appel de Greenpeace en faveur d’une taxe mondiale sur les plus riches, Camila Jardim, spécialiste des politiques internationales à l’ONG, a déclaré : « Il est scandaleux d’attendre que les contribuables ordinaires paient pour cela, alors que les super-riches échappent à l’impôt ».

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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