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Le futur gouvernement aura-t-il le droit de dépasser le délai du 1er octobre fixé par la loi ?

Le projet de loi de finances pour l’année à venir doit être soumis au Parlement au plus tard le 1er octobre. Mais ce délai paraît intenable, car aucun nouveau Premier ministre n’a encore été nommé.

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Vue du ministère de l'Économie et des Finances, dans le quartier de Bercy (Paris), le 27 novembre 2023. (VINCENT ISORE / IP3 PRESS / MAXPPP)

Près de deux mois après les élections législatives, la France n’a toujours pas de nouveau Premier ministre… ni de budget pour l’année prochaine. Le calendrier habituel de préparation du projet de loi de finances (PLF) pour 2025 a été complètement bouleversé par la situation politique. Alors qu’Emmanuel Macron tarde encore à se prononcer sur le nom du successeur de Gabriel Attal et que les spéculations vont bon train, mardi 3 septembre, les délais légaux deviennent de plus en plus difficiles à tenir pour le futur exécutif.

Le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal a tenté de préparer le terrain pour que l’Etat dispose de ressources au 1er janvier. Le ministère des Finances a travaillé sur un budget prévisionnel et envoyé les lettres de plafond, qui déterminent les crédits des ministères, le 20 août, avec un mois de retard sur le calendrier habituel.

Une autre étape importante est encore attendue : l’envoi aux parlementaires « d’un rapport indiquant les plafonds de crédits envisagés pour l’année à venir pour chaque mission du budget général »Normalement Une réunion du comité de pilotage du budget est prévue le 15 juillet, précise l’Assemblée nationale. Une situation qui a poussé les députés Eric Coquerel (LFI) et Charles de Courson (Liot), respectivement président et rapporteur général de la commission des finances de l’Assemblée, à réclamer dans un courrier vendredi des documents de synthèse sur le budget en préparation. La commission est censée se réunir une première fois mercredi, pour l’instant sans base de travail.

Même si le ministre du Budget, Thomas Cazenave, répond favorablement aux demandes des députés, c’est un nouveau gouvernement qui sera bientôt l’interlocuteur des parlementaires. Une fois nommé, il n’aura que très peu de temps pour préparer son budget. Selon la loi, le PLF doit être soumis au Parlement « au plus tard le premier mardi du mois d’octobre de l’année précédant celle au cours de laquelle le budget est exécuté », ou le 1er octobre de cette année. La loi doit ensuite être votée par l’Assemblée et le Sénat, et publiée avant le 1er janvier. Or, il s’agit d’un texte énorme – 416 pages pour la version 2024 – qui implique tous les ministères, et dont l’élaboration prend beaucoup de temps.

La situation pourrait devenir intenable pour le futur gouvernement. Ce dernier sera-t-il alors autorisé à déposer son PLF ultérieurement ? Matignon, confirmant une information du Monde, explique à franceinfo que le Secrétariat général du gouvernement a soigneusement examiné la légalité de cette hypothèse, tout en précisant que « seul le prochain gouvernement (…) arbitrera et présentera le budget 2025 ». « La Constitution prévoit 70 jours d’examen du PLF par le Parlement »et permettrait donc « Théoriquement, le prochain gouvernement, s’il le souhaite, pourra soumettre le budget au Parlement d’ici la mi-octobre »Matignon y croit.

Une interprétation de la Constitution que ne partage pas Anne-Charlène Bezzina, constitutionnaliste et maîtresse de conférences en droit public à l’université de Rouen. « L’article 47 de la Constitution fait référence à la loi, en l’occurrence la loi organique relative aux lois de finances, donc c’est ce vers quoi il faut se pencher »estime le spécialiste de franceinfo. Cette loi « ne prévoit pas explicitement le cas d’un retard de présentation. » Les parlementaires pourraient donc saisir le Conseil constitutionnel s’ils estiment que le gouvernement ne respecte pas la loi.

Dans une décision rendue en juillet 2001, les Sages avaient également dû se prononcer sur un délai non respecté par le gouvernement sur un texte budgétaire. « Il avait estimé que si un retard devait survenir, il devrait être examiné au regard du « principe de continuité de la nation »résume Anne-Charlène Bezzina. Cela signifie, fondamentalement, que si personne ne s’y oppose et que cela n’entrave pas le fonctionnement de l’État, alors il n’y a pas de problème.

Il faut remonter à 1962 pour trouver le seul exemple, depuis le début de la Ve République, d’un projet de loi de finances présenté (et voté) avec retard. « Le budget n’a été présenté qu’en novembre. La France venait de vivre une dissolution et un référendum voulu par le général de Gaulle »rappelle le constitutionnaliste. Le budget a finalement « a été adopté en février », sans que cela pose de problème particulier.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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