Le FMI exhorte la France à agir rapidement sur sa « trajectoire budgétaire »
Dans son rapport annuel sur l’économie mondiale (WEO), le Fonds anticipe une croissance de 0,9% en 2024 pour la France, mieux que les 0,7% anticipés en avril dernier.
La France doit agir vite sur sa « trajectoire budgétaire » si elle veut « recréer des marges de manœuvre », a déclaré mardi l’économiste en chef du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas, alors que la France reste dans l’incertitude politique, dix jours après la tenue d’élections législatives.
« Il est important de rassurer les marchés mais aussi de recréer des marges de manœuvre. Il ne s’agit pas simplement de plaire aux investisseurs mais de permettre de réduire la prime de risque et de pouvoir s’engager à dépenser sur de nouveaux projets, qu’ils soient de défense ou climatiques », a-t-il déclaré.
La prime de risque représente un coût supplémentaire intégré au taux d’emprunt de la France pour financer sa dette, qui prend en compte le risque que les investisseurs envisagent de prendre en pariant sur les obligations à terme françaises (OAT).
Difficile de revenir à un déficit public inférieur à 3% « sans ajustement sérieux »
L’économiste en chef du Fonds s’exprimait lors de la présentation de la dernière mise à jour de ses Perspectives économiques mondiales (WEO) annuelles, dans lesquelles il anticipe une croissance de 0,9% en 2024 pour la France, meilleure que les 0,7% anticipés en avril dernier. « Sans ajustement sérieux » de la trajectoire budgétaire, « il sera difficile d’atteindre les objectifs d’un retour du déficit à 3% du PIB d’ici 2027 », a-t-il ajouté, rappelant que la France a été placée en procédure de déficit excessif par la Commission européenne mi-juin.
« La situation actuelle accroît l’incertitude économique, qui peut naître du processus politique mais aussi d’une incertitude importante sur la trajectoire budgétaire qui sera mise en œuvre », a-t-il insisté.
« Il faut réduire cette incertitude et avoir un accord qui soit le plus large possible pour tenir compte de cette situation budgétaire. Il faut pouvoir avoir des marges pour faire face aux chocs futurs car ils sont très faibles aujourd’hui », a déclaré Pierre-Olivier Gourinchas.
Le président français Emmanuel Macron a annoncé mardi qu’il accepterait dans la journée la démission de son gouvernement, qui sera alors chargé de gérer les « affaires courantes » jusqu’à ce qu’un nouveau gouvernement puisse être nommé. La période de transition pourrait toutefois « durer un certain temps », probablement jusqu’à la fin des Jeux olympiques au moins, car le bloc dirigeant, le Nouveau Front populaire (NFP), tarde à s’entendre sur le nom d’un potentiel nouveau Premier ministre et le nouvel exécutif devra de toute façon composer avec une Assemblée nationale sans majorité claire.