Les objectifs de budget semblent de plus en plus compliqués à atteindre pour le gouvernement. Hier, 23 avril, c’est le Fonds monétaire international qui a ajouté de la pression sur les épaules de Bercy. Dans sa publication annuelle sur les politiques budgétaires des États, le fonds a dressé le scénario d’une France qui ne ferait pas assez d’effort et verrait ainsi son déficit s’aggraver à 6,1 % du PIB. Loin de l’objectif de 3,4 % en 2028, annoncé par le gouvernement.
Pour cette étude, le Fonds monétaire international ne prenait en considération que les efforts déjà mis en place par les différents gouvernements et effectuait à partir de ces derniers une projection jusqu’à 2030 pour chaque pays du globe. Il en ressort un triste podium sur lequel la France occuperait la troisième place derrière la Chine (8,1 %) et l’Inde (6,7 %).
« Nous pensons que le gouvernement français a présenté des idées et des propositions qui vont dans la bonne direction, mais nous attendons plus de clarté de la part des mesures adoptées », a déclaré mercredi Vitor Gaspar, directeur des affaires budgétaires au FMI, interrogé par l’AFP.
A ce stade, la dette pèserait pour 128,4 % du PIB tricolore, soit – à partir du PIB actuel – une créance de l’ordre de 4 000 milliards d’euros. « Il est à noter que, alors que la dette publique en Belgique, en France et en République slovaque devrait augmenter de plus de 10 points de pourcentage du PIB au cours des cinq prochaines années, elle devrait diminuer de plus de 15 points de pourcentage du PIB à Chypre, en Grèce et au Portugal », ajoute le FMI, promouvant au passage son travail dans les 3 pays derniers pays mentionnés.
La France est également prise en exemple pour sa forte contestation lors de la réforme des retraites, dont l’absence de prise en compte de l’opinion publique peut être préjudiciable pour la réussite de la réforme. Et ce, bien que le FMI ait apporté en 2023 son soutien à la réforme portée par le gouvernement d’Élisabeth Borne. En effet, selon une étude du fonds, le ralliement de l’opinion publique à la réforme est un des principaux facteurs de son succès, « en particulier lorsque les familles, les organisations de la société civile, les syndicats et les groupes d’opposition sont favorables aux changements. » Ainsi, le FMI conseille « dans la mesure du possible, une application progressive des réformes permet aux individus et aux entreprises de s’adapter. », et d’ajouter qu’il est préférable de prendre ces mesures en période de forte croissance économique. Cependant, pour rappel, l’an dernier le FMI expliquait tout de même que la réforme des retraites et celle de l’assurance chômage « ont commencé à porter leurs fruits. Les autorités doivent poursuivre leur ambitieux programme de réformes structurelles, promouvant l’emploi et renforçant la productivité. Les efforts proactifs des autorités pour renforcer la stabilité financière ont contribué à soutenir la résilience du système bancaire français et doivent se poursuivre pour atténuer les risques systémiques.»
Réforme des retraites