Le fisc entend s’en prendre aux propriétaires qui auraient omis, intentionnellement ou par inadvertance, de faire certaines déclarations obligatoires. Pour cela, l’administration s’appuie sur l’intelligence artificielle.
L’administration fiscale s’efforce depuis un certain temps de rationaliser ses contrôles et d’augmenter ses recettes en tirant parti des technologies émergentes. Parmi ceux-ci, l’IA permet d’examiner rapidement de grands ensembles de données à la recherche d’irrégularités.
C’est ainsi qu’en 2022, les services fiscaux sont parvenus à découvrir pas moins de 140 000 piscines non déclarées sur le sol français en recoupant les informations cadastrales et les vues aériennes. Cette procédure, en partie automatisée via l’IA, a permis de récupérer près de 40 millions d’euros de taxes foncières « éludées », sciemment ou non, par des particuliers. Avec un taux d’erreur d’au moins 30% selon la CGT Finances publiques des Bouches-du-Rhône. Forts de ce qu’ils considèrent pourtant comme une réussite, les agents du Trésor public comptent désormais s’intéresser à un autre type de bâtiment : les abris de jardin.
Pourtant, dans ce domaine, la réglementation est claire. Selon le portail officiel Service-Public.fr, un feu vert s’impose dès que la surface au sol de l’abri dépasse 5 m2. Entre 5 et 20 m2, une simple déclaration préalable de chantier suffit. Au-delà de 20 m2, il est impératif de déposer une demande de permis de construire. Ces formalités permettent aux communes de s’assurer de la compatibilité du projet avec les dispositions urbanistiques en vigueur. Mais ce n’est pas tout. Ils entraînent également la fiscalité du refuge, les immeubles de plus de 5 m2 étant redevables de la taxe d’aménagement.
Mais comme pour les piscines, de nombreux propriétaires évitent délibérément ces démarches, dans l’espoir d’échapper à l’impôt. C’était sans compter sur les avancées de l’IA, capable de détecter les cabanes non déclarées en analysant des photos aériennes et satellites du territoire. Les services fiscaux pourront ainsi cibler leurs enquêtes sur des fraudeurs présumés, comme ils l’ont fait avec brio pour les piscines.
Les détenteurs de hangars non cotés s’exposent à un redressement fiscal potentiellement très sévère. En plus des impôts éludés sur plusieurs exercices, des sanctions de 80 % en cas de manquement intentionnel peuvent être prononcées, en plus d’une majoration de 10 % en cas de défaut de déclaration après mise en demeure. De quoi déboucher sur une addition douloureuse. Dans les situations les plus critiques, des poursuites pénales sont même possibles en cas de fraude fiscale.
Il est donc plus que jamais souhaitable de régulariser la situation au plus vite si votre abri de jardin n’a pas été signalé. Il vaut mieux payer quelques centaines d’euros de taxe d’aménagement que plusieurs milliers d’euros de pénalités. D’autant que grâce à l’IA, l’administration française dispose désormais des moyens nécessaires pour atteindre ses objectifs antifraude. Après les piscines, les abris de jardin n’ont intérêt qu’à être prudents !