Le fabricant de panneaux solaires Systovi, victime de la concurrence chinoise, ferme son usine près de Nantes
Le groupe de menuiserie Cetih, propriétaire de cette usine, a annoncé le 13 mars sa mise en vente, se donnant un mois pour trouver un repreneur. L’entreprise a reçu « une cinquantaine de contacts de parties intéressées » mais aucun n’a débouché sur une offre ferme.
« Cette décision douloureuse était devenue inévitable», mentionne Paul Toulouse, directeur général de Systovi. En mars dernier, le dirigeant expliquait que l’entreprise n’était plus en mesure d’affronter la concurrence chinoise qui s’est considérablement durcie depuis l’été 2023.
Pour l’exercice clos fin août, la société a enregistré un chiffre d’affaires de 21,5 millions d’euros contre 12 millions l’année précédente, tandis que les prises de commandes ont augmenté de 50 %. « Nous avons même eu une demande excédentaire, mais en quelques semaines l’été dernier, les prix chinois ont été divisés par deux.», rapportait récemment Paul Toulouse, Systovi se retrouvait ainsi face à des produits importés quatre fois moins chers, sans perspective de voir les prix remonter. En septembre, son carnet de commandes s’est effondré.
Un processus complet
Systovi, née en 2008 et rachetée par le Cetih en 2016, avait développé un processus de fabrication complet depuis la découpe laser des cellules jusqu’à l’assemblage et les tests du panneau, en passant par le laminage. Le site de Carquefou comprenait également un centre de formation à l’installation de panneaux solaires sur différents types de toitures. Au-delà des panneaux, l’usine de Nantes dispose d’un savoir-faire industriel, de la découpe cellulaire à l’assemblage des panneaux, d’une force commerciale, d’un réseau d’installateurs, d’une culture de service et d’un portefeuille de brevets dans la fixation. ou des systèmes de stockage d’énergie.
Le Cetih, qui réalise un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros avec 1.500 salariés en 2023, a investi près de 45 millions d’euros au total dans cette filiale. Il y a quelques mois, Systovi a de nouveau investi dans une nouvelle ligne de production et a reçu une nouvelle lamineuse, lui permettant de doubler sa capacité à 200 000 panneaux par an, soit l’équivalent de 80 MW installés.
L’Europe à la traîne
La concurrence étant devenue considérablement plus rude, Systovi ne pouvait plus attendre l’évolution réglementaire espérée avec le « Net Zero Industry Act » européen fixant de nouvelles règles sociales et environnementales protégeant les sept derniers fabricants de panneaux en Europe.
Selon le directeur de Systovi, l’Inflation Reduction Act (IRA), mis en place aux Etats-Unis, a permis de quadrupler les capacités de production en un an seulement. Mais la nouvelle réglementation européenne, dont les contours sont incertains, n’est pas attendue avant fin 2025. Trop tard pour Systovi.