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Le durcissement de la répression contre les femmes suscite la peur

« Chaque fois qu’une femme adulte quitte son domicile par nécessité, elle est obligée de cacher sa voix, son visage et son corps.« , promulgue une loi du ministère de la Justice, afin de « promouvoir la vertu et prévenir le vice» Au sein de la population afghane, les femmes doivent donc être strictement couvertes et silencieuses dans les espaces publics. Chanter, lire de la poésie ou se maquiller sous le voile sont également interdits.

Promulguées la semaine dernière, ces restrictions forment une longue liste de 35 articles de loi ratifiés par Haibatullah Akhundzada, la figure au sommet du régime taliban. Il s’agit d’imposer l’interprétation de la charia, la loi islamique, dans la vie quotidienne. Expression, éducation ou mouvement, les libertés fondamentales des femmes ont été considérablement restreintes depuis la prise de pouvoir des talibans en 2021, mais l’obscurantisme atteint désormais le fond.

Sanctionner les violations

La loi vise aussi les hommes. Elle leur impose de se laisser pousser la barbe ou de supprimer toute « amitié » avec un non-musulman. L’adultère, l’homosexualité, les jeux d’argent et les combats d’animaux sont interdits, tout comme la publication d’images d’êtres humains. La police des mœurs sera chargée de sanctionner les infractions, du simple avertissement à la détention.

La situation des femmes afghanes, déjà exclues de nombreux emplois et parmi lesquelles 4 millions de filles exclues de l’enseignement secondaire, a suscité une vive réaction de la communauté internationale. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a appelé le 27 août « abrogation immédiate » de la loi, qui risque « rendre la moitié de la population afghane invisible et sans voix»L’Union européenne a déclaré « consterné ». Cette nouvelle étape « intolérable » illustré « une vision inquiétante de l’avenir de l’Afghanistan », Roza Otunbayeva, de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), a déclaré dans un communiqué que le président de l’Association des avocats afghans, Mir Abdul Wahid Sadat, a dénoncé l’inutilité juridique d’un texte qui « « contredit les principes fondamentaux de l’islam. »

A travers le geste sans équivoque des talibans, c’est un processus de normalisation engagé avec l’Afghanistan qui pourrait être remis en cause. L’Union européenne y voit une  » obstacle  » et réitère que le régime de Kaboul ne sera pas reconnu sans le respect de ses « obligations envers la communauté internationale et le peuple afghan »Pour l’heure, l’introduction brutale de la loi coupe court à la thèse selon laquelle un dialogue avec les autorités talibanes conduirait à un allègement de la répression visant les femmes.

L’« arrogance » des Occidentaux

En Afghanistan, un pays déchiré par l’histoire et marqué par des puissances étrangères, les talibans rejettent les critiques internationales. Ils accusent l’Occident de faire preuve de plus de fermeté.« arrogance »Kaboul défend la légitimité d’une loi « enraciné dans les enseignements islamiques », mais a néanmoins assuré qu’elle serait mise en œuvre « avec précaution ». Dans la réalité quotidienne, la mise en œuvre des restrictions déjà existantes varie selon les régions, les communes et les représentants locaux.

La crainte suscitée par le sort des femmes afghanes ne se limite pas à l’Occident et concerne également les pays musulmans. « Même les pays voisins ont dit aux talibans que leur politique envers les femmes était inhumaine. Tant qu’ils ne lèveront pas les restrictions qui pèsent sur elles, rien ne pourra se passer », a-t-il ajouté. avait déclaré en août à La Croix un diplomate qui a participé à la troisième conférence de Doha sur l’Afghanistan fin juin.

« Aujourd’hui, en Afghanistan, aucune femme ne peut marcher dans la rue en toute tranquillité.explique Sarah, une réfugiée afghane de 27 ans en France. Ils ont peur. J’espère que les choses changeront un jour, mais parfois je perds espoir.»

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L’Afghanistan, critiqué mais soutenu

Les États-Unis ont fourni près de 18,5 milliards d’euros d’aide à l’Afghanistan et aux réfugiés depuis le retrait de leurs forces en août 2021, selon un rapport du Bureau de l’inspecteur général spécial pour la reconstruction de l’Afghanistan (SIGAR) publié en juillet.

L’Afghanistan n’est pas reconnu par de nombreux pays ainsi que par les Nations Unies.en raison de leur application de la loi islamique.

Ce mois-ci, les Émirats arabes unis sont devenus le deuxième pays au monde, après la Chine, à accepter un ambassadeur du gouvernement taliban en Afghanistan.D’autres pays accueillent une présence diplomatique (Iran, Pakistan, Ouzbékistan, Turkménistan et Kazakhstan), et le Nicaragua a nommé un ambassadeur non-résident en juin.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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