Le dunk de Dominique Malonga, un grand pas pour le basket féminin
Dominique Malonga voit grand et a des idées cohérentes. « Ce sera vraiment pour bientôt »a prévenu l’athlète de l’équipe de France féminine de basket le 12 juillet, à l’issue d’un match de préparation aux Jeux olympiques (JO) de Paris 2024, contre la Serbie, à Décines-Charpieu (Rhône). La plus jeune des Bleus faisait référence à l’action qui, quelques minutes plus tôt, avait amené les spectateurs à se lever de leur siège pour l’encourager : partie en contre-attaque, elle avait tenté un dunk. Sans réussir.
« Je suis déçu, ce n’était pas loin, j’avais juste besoin d’un peu de jus » mettre – ou écraser – le ballon dans le panier, a conclu le joueur. « Mais ça montre qu’il finira par réussir, d’autant qu’à l’entraînement, c’est 100% », elle a prévenu. Moins de quatre mois plus tard, Dominique Malonga tenait parole.
Mercredi 30 octobre, la jeune intérieure (18 ans) de l’Asvel a profité de la large victoire du club rhodanien à domicile en Eurocoupe (115-54) contre Limassol (Chypre) pour devenir la première Française de l’histoire à dunk lors d’un match. . «J’en avais dans les jambes depuis quelques matchesa raconté ensuite le grand joueur (1,98 m), cité par L’équipe. Quand je le faisais pendant l’échauffement pendant plusieurs semaines, j’entendais la foule m’acclamer, je savais qu’elle l’attendait, moi aussi. »
S’il est monnaie courante chez les hommes, le dunk, ou smash, reste plus que rare chez les femmes. Les basketteurs capables de ce geste technique se comptent sur les doigts des deux mains. Chez les professionnels, elle a été interprétée pour la première fois le 30 juillet 2002 par l’Américaine Lisa Leslie, évoluant pour les Los Angeles Sparks, en WNBA (l’homologue féminin de la NBA).
« Ce moment a fait tomber une barrière », rapportait en 2021 à The Athletic l’ancienne joueuse de Miami, Ruth Riley, au premier rang ce soir-là, car dans l’équipe adverse. «On ne pouvait plus dire que les femmes n’étaient pas capables de tremper. D’une manière ou d’une autre, cela a désarmé certaines critiques et les jeunes femmes peuvent voir l’image et s’en inspirer. »
Quel que soit leur niveau, les basketteurs grandissent en entendant le refrain sur le prétendu déficit athlétique de leur discipline. Et même au plus haut niveau, les joueurs ont souvent intériorisé le constat que leur sport présente peu d’intérêt. « On est bien conscient que nous les filles avons encore du mal à remplir les salles de basket »a relayé Dominique Malonga lors de la préparation des JO.
« Si je peux apporter ce spectacle au basket féminin, c’est l’idéal »
Dans ce contexte, le dunk, parce qu’il est une action spectaculaire et parce qu’il constitue une des expressions de la créativité dans le basket-ball, peut être susceptible d’attirer l’attention. « Il reste deux points, mais le basket, s’il est autant regardé chez les garçons, c’est aussi pour ce spectacle, et si je peux apporter ça au basket féminin en Europe, c’est idéal »a insisté le joueur de l’Asvel mercredi.
» Quand (Dominique Malonga) je vais dunk, ça va durer longtemps », avait prévenu Nicolas Batum, le capitaine de l’équipe de France masculine, lors de l’été olympique. Ce sera une bonne chose pour elle et pour le basket féminin qui est en train d’exploser. »
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Si elle envisage de faire cette action « quelque chose de récurrent »le joueur refuse cependant de se cantonner au rôle de « celui qui ne fait que dunk ». Elle entend mettre en valeur « beaucoup d’autres facettes » de son jeu.
Après avoir été sacré meilleur espoir de la saison 2023-2024, avec Tarbes, Dominique Malonga a livré un début d’exercice 2024-2025 plus que réussi dans la région lyonnaise (18,3 points et 10 rebonds de moyenne). Elle pourrait alors traverser l’Atlantique pour jouer en WNBA – elle fait partie des grands espoirs de la prochaine draft, une sorte de bourse pour les jeunes joueurs.
«Cette génération fera (le dunk) banal, presque quotidien, et ce ne sera plus si fou”» augurait, en 2021, l’ancienne joueuse américaine Candace Parker, l’une des pionnières du dunk. Comme Dominique Malonga, les jeunes basketteurs, qui en ont les capacités physiques, ont désormais compris que le dunk n’est plus un rêve, mais une réalité.