Le drone spatial militaire américain X-37B s’apprête à effectuer une série de manœuvres « sans précédent » en orbite
Mis en orbite pour la première fois en 2010, le drone spatial militaire américain X-37B, développé par la division Phantom Works, soulève de nombreuses questions, tant le Pentagone reste discret sur ses missions (qui sont toujours de plus en plus longues) et ses capacités.
L’une des rares choses que l’on sait de lui, c’est qu’il a la capacité de manœuvrer facilement en orbite, et donc de changer d’altitude pour échapper aux « butineurs » trop curieux ou s’approcher d’autres satellites. Cela « frustre nos adversaires » et « nous savons que cela les rend fous », a admis Heather Wilson, alors secrétaire de l’US Air Force, lors du Forum sur la sécurité à Aspen, Colorado, en 2019.
Par ailleurs, on sait également qu’il est équipé d’un module de service permettant de réaliser des expériences en orbite. Des expériences dont la nature n’a pas toujours été précisée par le Pentagone. De plus, il peut transporter une charge utile supplémentaire fixée à l’arrière de son fuselage.
Enfin, l’US Air Force a indiqué qu’elle envisageait de « connecter » ce X-37B à ses avions de combat F-22 et F-35 afin d’avoir la capacité « d’opérer dans tous les domaines ».
En tout cas, le 28 décembre, une fusée Falcon Heavy, de SpaceX, s’est lancée depuis Cap Canaveral (Floride) pour placer l’un des deux X-37B exploités par l’US Space Force (USSF) sur une orbite très elliptique. Ce qui était une première. Le Pentagone a alors expliqué que cette septième mission consisterait à tester de « nouveaux régimes orbitaux », à expérimenter les « technologies futures sur la connaissance du domaine spatial » et à étudier « les effets des rayonnements sur les matériaux fournis par la NASA (agence spatiale américaine, ndlr). .
Le 10 octobre, alors que les détails de cette mission, désignée OTV-7, étaient classifiés, l’USSF a néanmoins annoncé qu’elle modifierait son orbite » et « éliminerait en toute sécurité les composants de son module de service, conformément aux normes reconnues de réduction des débris spatiaux ».
Pour rappel, l’aérofreinage est une technique consistant à modifier les caractéristiques de l’orbite elliptique d’un engin spatial en utilisant la traînée exercée par l’atmosphère terrestre. Ce qui permet d’économiser du carburant (et/ou d’augmenter la charge utile). Ce type de manœuvre s’inscrit dans le concept d’opérations spatiales « dynamiques » que les forces américaines cherchent à développer.
« Une fois les manœuvres d’aérofreinage terminées, le X-37B reprendra ses expérimentations jusqu’à ce qu’elles soient terminées. À ce moment-là, il sera déssorbé et reviendra en toute sécurité comme il l’a fait lors de ses six missions précédentes », a expliqué l’USSF.
« Cette série de manœuvres innovantes et efficaces démontre l’engagement de la Space Force à réaliser des innovations révolutionnaires dans la conduite des missions de sécurité nationale dans l’espace », a commenté Frank Kendall, actuel secrétaire de l’US Air Force. .
Pour rappel, propulsé par un moteur Pratt&Whitney Rocketdyne, le X-37B mesure 8,38 m de long pour une envergure de 4,57 m et une hauteur de 2,9 m. Sa masse à vide est d’environ cinq tonnes.
Photo : Boeing