Vacances scolaires, jours fériés… Contre l’avis du gouvernement, le Sénat a adopté mardi 9 avril un projet de loi visant à limiter les grèves dans les transports pendant certaines périodes, déclenchant un débat très abrasif à quelques mois des Jeux Olympiques (JO) de Paris. 2024. Mesures nécessaires pour « assurer la continuité du service » Ou « des attaques délibérées contre le droit de grève » ? Les divisions se sont ravivées entre la gauche, farouchement opposée au texte, et la majorité sénatoriale de droite et du centre, parvenue sans surprise à le faire adopter par 211 voix contre 112.
» Assez, c’est assez. Nos concitoyens n’en peuvent plus »a lancé le chef des sénateurs centristes Hervé Marseille, auteur de ce projet de loi déposé en février, alors qu’au moins 150 000 voyageurs avaient vu leur départ en vacances perturbé par une mobilisation des contrôleurs SNCF. « Face aux excès »il est nécessaire « rétablir un équilibre entre droit de grève et continuité de service »il ajouta.
Le texte du président de l’Union des Démocrates et Indépendants (UDI) accorde au gouvernement un quota de trente jours par an pendant lesquels les «personnel des services de transports publics» – à l’exception du secteur aérien – seraient privés de leur droit de grève, avec une limite de sept jours consécutifs par période d’interdiction.
Ces jours protégés ne concerneraient que certaines périodes : vacances scolaires, jours fériés, élections et référendums ainsi que les manifestations. « d’une importance majeure », comme les Jeux olympiques. Et l’interdiction de grève serait limitée aux seules heures de pointe et au personnel essentiel au fonctionnement du service.
Les syndicats menacent de se mobiliser
« Nous disons oui au droit de grève mais non au blocus absolu de tout un pays »» a déclaré le rapporteur Philippe Tabarot (Les Républicains). « Il n’est pas possible, pendant les JO, de prendre en otage des milliers de Français qui se sont sacrifiés pour acheter des billets pour assister aux compétitions »son collègue Michel Savin s’est également justifié, alors que plusieurs syndicats menacent de se mobiliser durant cette période.
Le texte prévoit également d’allonger le délai de déclaration des grévistes de quarante-huit à soixante-douze heures, pour augmenter le délai de déclaration des grévistes. « niveau de service minimum » aux heures de pointe avec un processus de réquisition dans des conditions strictes, ainsi qu’un système de caducité de certains avis non suivis, pour lutter contre « avis dormants » qui durent parfois plusieurs mois.
Autre mesure votée : celle qui impose aux salariés souhaitant faire grève de rejoindre le mouvement dès le début de leur service et non dans la journée. Une façon de lutter contre « Grèves de cinquante-neuf minutes »moins coûteux pour le salarié mais sources, selon la droite, d’une grande désorganisation.
Ce débat a été relancé pendant les vacances scolaires de février, notamment par la déclaration très commentée du Premier ministre Gabriel Attal, qui déplorait une « forme d’habitude » faire grève pendant certaines périodes et a affirmé que si « la grève est un droit », « Travailler est un devoir ».
La gauche s’y est opposée en bloc, sans succès
Mais le ministre des Transports, Patrice Vergriete, s’est finalement opposé au texte, remettant en question sa conformité à la Constitution et refusant de « opposer les Français les uns aux autres, ceux qui peuvent se permettre de partir en vacances et ceux qui se lèvent tous les matins pour aller travailler ». Cette position risque de compliquer les chances d’inscription du texte à l’Assemblée nationale à court terme.
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Certains membres de la majorité présidentielle ont néanmoins voté pour, comme les sénateurs Horizons qui siègent majoritairement dans le groupe des Indépendants, ou leurs collègues du MoDem, affiliés au groupe centriste. Le groupe macroniste s’est abstenu.
L’ensemble de la gauche s’est globalement opposé à ce texte, sans succès. « A trois mois des JO, c’est une provocation qui risque de mettre le feu aux poudres dans un contexte de grave crise sociale »s’est inquiétée la communiste Marie-Claude Varaillas. « La majorité sénatoriale tente de reconquérir le droit aux vacances au nom de l’intérêt général »a ajouté le socialiste Olivier Jacquin, son collègue écologiste Guillaume Gontard dénonçant pour sa part « un texte qui repose clairement sur notre Constitution et notre histoire ».
Ces derniers jours, la CGT Transports avait également fustigé « la montée du populisme » de la majorité sénatoriale, l’accusant de vouloir « Mieux servir les intérêts du capital ».