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Le droit à l’avortement au cœur de la campagne

Dans 46 jours, les Américains seront appelés à choisir un nouveau président. Une élection qui pourrait se jouer entre un vote féminin, plutôt favorable à Kamala Harris, et un vote masculin, plutôt orienté vers Donald Trump.

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Depuis 7h du matin, il est là, campé au bord de la route, des animaux empaillés à ses pieds. Comme tous les jours de la semaine, avec son haut-parleur, Jason interpelle tous ceux qui s’approchent du petit bâtiment sans panneau, de l’autre côté du parking. « Nous sommes devant un centre de sacrifice d’enfants à Atlanta… une clinique d’avortement »explique-t-il. Selon lui, « L’avortement est la première cause de décès aux États-Unis, et les gens ne le savent pas.  » « 

Jason veut empêcher les femmes d’avorter, c’est son travail à plein temps, il est payé pour ça par son église et le mouvement anti-avortement. Dans la salle d’attente de la clinique, cinq femmes attendent. Mais les journalistes sont escortés dehors, ils essaient de rester discrets. Le sujet est trop sensible en Géorgie, où l’avortement est illégal après seulement six semaines de grossesse, à une époque où la plupart des femmes ne savent pas qu’elles sont enceintes.

À Atlanta, dans le bureau de campagne de Kamala Harris, des bénévoles se préparent à rencontrer les électeurs qu’ils tentent de convaincre. Ils notent soigneusement les arguments du médecin qui leur explique les conséquences de la loi restrictive votée en 2019. « Lorsque le spermatozoïde rencontre l’ovule ici, il pénètre sa surface et injecte son contenu génétique. C’est la fécondation. Selon la loi géorgienne, c’est le moment où un être humain est créé. Il devient une personne. Et cela peut se produire dans l’heure qui suit l’ovulation. Donc, lorsque cela se produit, selon la loi géorgienne, cet organisme unicellulaire a les mêmes droits que vous, moi ou n’importe qui d’autre. »

La bénévole Jen Falk se souvient avoir été choquée lorsque la Cour suprême a annulé l’arrêt Roe v. Wade qui protégeait le droit à l’avortement en 2022. « Je ne voulais pas y croireelle dit. Je pensais qu’à cause de cela, des femmes pourraient mourir. Et c’est exactement ce qui s’est passé. » Jen fait référence à Amber Thurman, décédée ici il y a deux ans des suites de complications liées à la prise d’une pilule abortive. Une commission officielle vient de statuer que sa mort, « évitable »était dû à un délai trop long pour effectuer le curetage qui aurait pu lui sauver la vie mais que les médecins ont tardé à faire, par crainte de poursuites judiciaires.

Le droit à l’avortement est sévèrement restreint depuis une décision de la Cour suprême en 2022, une cour remodelée par Donald Trump et la candidate démocrate, Kamala Harris, lors d’un rassemblement vendredi 20 septembre en Géorgie, s’est engagée à le défendre. Une Kamala Harris particulièrement combative qui a rappelé que depuis cette décision de la Cour suprême, plus d’une vingtaine d’Etats ont restreint ou interdit le droit à l’avortement.

« Une femme sur trois aux États-Unis vit dans un État où l’avortement est interdit à cause de Donald Trump, elle s’est rappelée. Donald Trump, qui se dit fier d’avoir nommé les juges conservateurs qui ont permis le redressement de la plus haute cour américaine. Il s’en vante, il se dit fier ? Fier ? Que les femmes meurent ? Fier que les médecins et les infirmières soient emprisonnés pour avoir prodigué des soins ? Fière que les jeunes femmes d’aujourd’hui aient moins de droits que leurs mères et leurs grands-mères Mais comment ose-t-il ? ? »Le candidat démocrate s’est plaint sous les applaudissements.

Or, si la compétition est extrêmement serrée, notamment ici en Géorgie où la dernière élection présidentielle s’est jouée à 12 000 voix près, le droit à l’avortement est un facteur qui pourrait mobiliser les indécis. On l’a vu lors des élections de mi-mandat, qui ont eu lieu peu après que la Cour suprême ait invalidé l’arrêt qui protégeait le droit à l’avortement, des votes qui ont permis aux démocrates d’obtenir de meilleurs résultats que prévu. Et c’est aussi pourquoi Donald Trump est beaucoup moins radical et lisible dans ses propos qu’il ne l’a été sur l’avortement. Un exercice difficile néanmoins puisqu’il doit en même temps gérer son électorat ultraconservateur. Et Kamala Harris enfonce le clou : « S’il est réélu président, Donald Trump ira encore plus loin »a assuré le démocrate.

Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr

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