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Le dôme et les minarets de l’une des plus grandes mosquées de Chine reconstruits dans le style d’une pagode

La Grande Mosquée de Shadian, au sud du pays, a été complètement « sinisée ». Le résultat d’une politique lancée en 2018 par la Chine, visant à promouvoir « une architecture islamique pleine de caractéristiques chinoises ».

Pékin poursuit la « sinisation » forcée de l’islam en Chine. En avril dernier, les travaux de la Grande Mosquée de Shadian, dans le sud du pays, ont pris fin. Lorsque les dernières bâches furent enlevées, l’immense bâtiment de 21 000 mètres carrés, qui pouvait accueillir 10 000 fidèles, n’avait plus grand-chose de commun avec une mosquée. Le dôme vert et les quatre imposants minarets qui le caractérisaient ont été entièrement repensés… à la manière d’une pagode, rapporte Le gardien dans une longue enquête sur le sujet.

Du bâtiment d’origine, il ne reste que les grands arcs de l’entrée, surmontés d’une plaque dorée recouverte d’inscriptions en arabe. Et là encore, ceux-ci sont désormais accompagnés d’un message en chinois : « Le Palais Impérial de la Vérité Suprême », terme taoïste, mais également utilisé dans l’islam chinois, souligne le quotidien britannique. L’autre mosquée emblématique de la province du Yunnan, située à 160 km de là, a subi le même sort.

Grande opération « sinisation »

En réalité, les trois quarts des 2 300 mosquées chinoises à architecture islamique (sur 4 450 mosquées) étaient « rénové » ou détruits depuis 2018, selon un décompte du Financial Times daté de novembre 2023. Ceux qui subsistent sont principalement situés dans de petits villages. Il y a cinq ans, le gouvernement chinois a lancé une vaste campagne de « Sinisation de l’Islam ». L’un des objectifs majeurs de ce projet était de résister « styles architecturaux étrangers » et de promouvoir « Une architecture islamique pleine de caractéristiques chinoises ». Avec une consigne claire, selon une note du Parti communiste relayée par Le gardien : « Démolir plus et construire moins ».

La province du Yunnan, l’une des plus éloignées géographiquement de Pékin, a été la dernière à subir les conséquences de cette politique. Les musulmans qui y résident sont majoritairement des Hui, une minorité à peu près aussi nombreuse que les Ouïghours, dont ils n’ont pas subi le même sort.

Mais cette ethnie garde le souvenir vivace du mois d’août 1975, où l’Armée populaire de libération en massacra près de 2 000, dont 300 enfants, alors qu’elle tentait de forcer l’ouverture des mosquées que le parti avait fermées. La Grande Mosquée de Shadian fut alors détruite, puis reconstruite avec le soutien du gouvernement chinois, sur le modèle de la mosquée du Prophète à Médine, deuxième mosquée la plus sainte de l’Islam.

De plus en plus de restrictions

Dans l’ensemble, la communauté Hui a plus de latitude que les Ouïghours pour pratiquer leur foi, affirme Le gardien. Mais des affrontements à grande échelle entre la police et des membres de ce groupe ethnique ont éclaté ces dernières années à propos de la rénovation des mosquées. Lors de la réouverture du bâtiment Shadian pour l’Aïd, les fidèles ont pu constater l’installation de caméras de surveillance. Plusieurs sources du quotidien britannique indiquent également que des enceintes sans fil ont été distribuées dans les foyers Hui pour diffuser l’appel à la prière plus discrètement que du haut d’un minaret.

En février dernier, Pékin a également renforcé sa réglementation sur l’expression religieuse, toujours dans cette logique de « sinisation ». Par exemple, certaines autorités locales interdisent aux mineurs de fréquenter les mosquées ou de jeûner.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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