Poursuivi pour association de malfaiteurs terroristes, le jihadiste était accusé d’avoir participé à la formation de son ami d’enfance Chérif Kouachi, l’un des deux terroristes de « Charlie Hebdo », et à l’enlèvement, en 2011, de trois ressortissants français au Yémen.
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Peter Cherif a été condamné à la réclusion à perpétuité, avec une période de sécurité de 22 ansJeudi 3 octobre, par la cour d’assises spéciale de Paris. Il a été reconnu coupable d’association de malfaiteurs terroristes. Le jihadiste de 42 ans était jugé depuis le 16 septembre, notamment pour le rôle qu’il aurait joué au Yémen auprès de Chérif Kouachi, l’un des agresseurs du journal. Charlie Hebdo en janvier 2015. Le tribunal a suivi les réquisitions des deux avocats généraux.
Peter Cherif avait rejoint les rangs d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) au Yémen, où il a séjourné entre 2011 et 2018. Il était accusé d’avoir participé à l’entraînement de son ami d’enfance Chérif Kouachi pour un attentat commis le 7 janvier dernier. 2015 dans les locaux du journal satirique Charlie Hebdoau cours de laquelle 12 personnes ont été assassinées. Il comparaissait également pour l’enlèvement en bande organisée en 2011, pendant plus de cinq mois, de trois ressortissants français, membres de l’ONG Triangle Génération Humitaire.
Au cours de son procès, l’accusé a la plupart du temps refusé de répondre aux questions et nié les faits qui lui étaient reprochés concernant l’attaque contre Charlie Hebdo. « Ce qu’il est prêt à assumer, c’est une histoire complètement désincarnée »mais aux questions factuelles, « ça ferme » Et «dès qu’on parle des attentats de 2015, il s’enfuit»a irrité le procureur général Benjamin Chambre lors de son réquisitoire. Peter Cherif a cependant reconnu avoir été l’un des geôliers des trois humanitaires et avoir servi de « traducteur » pour assurer l’interface entre les otages et leurs ravisseurs yéménites d’Al-Qaïda.
Egalement connu sous le pseudonyme d’Abou Hamza, Peter Cherif est une figure du djihadisme international. En 2011, au Yémen, il «était le seul membre français de l’AQPA»ont rappelé les deux représentants du ministère public, dressant le portrait d’un « jihadiste intégral ». Des différentes fonctions qu’il a exercées pendant sept ans au sein d’Aqpa à un stage de conduite réalisé dans une auto-école à Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne), « à 500 mètres » de l’imprimerie où s’étaient réfugiés en fuite les frères Kouachi, Peter Cherif a été présenté comme « la pierre angulaire de la préparation » de l’attaque de Charlie Hebdo.
De par sa position au sein d’Aqpa, les juges ont considéré qu’il avait « facilite l’intégration » par Chérif Kouachi en lui présentant Anwar al-Awlaqi, un prédicateur radical américano-yéménite, haut responsable de l’organisation terroriste, tué par drone en septembre 2011. Mais sa complicité dans ces attentats de janvier 2015 n’a pu être démontrée.
« J’ai l’impression d’avoir participé à un match truqué »a dénoncé jeudi matin l’un des avocats de Peter Cherif, Nabil El Ouchikli. Selon lui, « le but » du parquet était « éliminer Peter Cherif ». Son collègue, Sefen Guez Guez, a de son côté fustigé les éléments sur lesquels s’est appuyé le procureur de la République pour démontrer la culpabilité du jihadiste, notamment des notes déclassifiées et des déclarations d’un trafiquant d’armes. Invité, après les plaidoiries de la défense, à prendre la parole afin d’adresser ses dernières paroles au tribunal, Peter Cherif a déclaré qu’il n’avait pas « rien à ajouter ».