le dispositif de vidéosurveillance a été testé lors des concerts de Taylor Swift
JULIEN DE ROSA / AFP
Taylor Swift lors de son arrivée sur scène à la Défense Arena de Paris, ce jeudi 9 mai 2024.
JO 2024 – Les fans de Taylor Swift ont servi de cobayes au ministère de l’Intérieur. Les quatre concerts de la star américaine ont rassemblé 180 000 spectateurs à la Défense Arena de Nanterre en région parisienne, du 9 au 12 mai. L’occasion, à quelques semaines des JO, de tester plusieurs dispositifs de sécurité, notamment la controversée vidéosurveillance algorithmique ( VSA).
Une centaine de caméras équipées d’un logiciel de la société parisienne Wintics ont été installées dans les deux stations de métro et RER donnant accès à la salle de concert : la station Préfecture de Nanterre, desservie par le RER A, et celle de La Défense Grande Archeoù convergent la ligne 1 du métro et le RER A. Ils ont été autorisés à filmer les usagers du 7 au 14 mai.
Selon l’arrêté préfectoral, les usagers avaient été informés par « des panneaux aux entrées des deux stations Nanterre Préfecture et La Défense Grande Arche, ainsi que sur chaque quai desservant les stations concernées ». Les données collectées seront conservées un an par la RATP.
Détection d’un bagage oublié, d’un mouvement de foule…
Le principe des VSA est simple : ce sont des caméras de surveillance classiques, mais dont les images sont analysées en direct par l’intelligence artificielle. Dans ce cas précis, la préfecture indique que l’objectif était de détecter quatre types d’incidents. Elle cite ainsi des mouvements de foule dans les zones à risque, l’intrusion dans des zones interdites au public ou sensibles, une densité anormalement élevée, et enfin la présence de bagages abandonnés.
« Les algorithmes ont détecté relativement peu de cas de mouvements de foule mais en revanche plusieurs cas de surdensité des espaces. Cela nous a permis de fluidifier les foules en orientant au mieux les usagers vers les points d’entrée et de sortie », indique la RATP. La VSA, en revanche, a montré « Des résultats mitigés » concernant les objets abandonnés. Finalement, l’expérience n’a donné lieu à aucune arrestation dans les gares.
Testé à Roland Garros et au Festival de Cannes
En mars dernier, un test du VSA avait déjà eu lieu lors des concerts de Depeche Mode à l’Accor Arena de Paris-Bercy. Six caméras équipées du logiciel Wintics ont été déployées autour de la salle de spectacle. L’objectif était alors de « tester et configurer des solutions logicielles » en conditions réelles, mais pas encore à détecter « événements » ou une « comportement suspect « .
D’autres expériences de ce genre ont ensuite eu lieu, par exemple lors du concert des Black Eyed Peas à la Défense Arena le 20 avril, ou encore lors du match de Ligue 1 entre le PSG et l’OL au Parc des Princes le 21 avril. « Depuis fin avril nous avons commencé à tester ces solutions en phase opérationnelle, ce sera également le cas à Rolland Garos, au Festival de Cannes et au salon Vivatech à Paris », détaille le ministère de l’Intérieur.
La méthode continue d’interroger
L’expérience VSA a été autorisée par la promulgation de la loi sur les Jeux Olympiques. Selon ce texte, l’objectif du VSA est de « détecter, en temps réel, les événements prédéterminés susceptibles de présenter ou de révéler ces risques et les signaler. Mais cette loi autorise les expérimentations bien au-delà des Jeux olympiques et paralympiques, et repousse le test jusqu’en mars 2025.
La Quadrature du Net, association de défense des droits et libertés des citoyens sur Internet, dénonce au HuffPost la volonté du gouvernement de « rendre une technologie aussi controversée que VSA plus facilement acceptable par le public ». Elle déplore également le manque de transparence sur la conception du logiciel qui analyse les images et sur la manière dont elles sont » apprendre « pour reconnaître les incidents.
« En aucun cas l’expérimentation ne permet la reconnaissance faciale », assure pour sa part le ministère de l’Intérieur, « des caméras identifient les incidents ». La loi sur les Jeux Olympiques énumère ainsi : le non-respect du sens de circulation, le franchissement d’une zone interdite, la présence ou l’usage d’une arme, le déclenchement d’un incendie, un mouvement de foule, une personne au sol, une densité excessive ou un colis abandonné. Lors des Jeux olympiques, la SNCF prévoit de déployer 300 caméras VAS en région parisienne, un nombre similaire à l’objectif de la RATP.
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