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Le discours inébranlable de Caroline Goldman


Invitée sur le plateau de France Inter mardi 3 septembre, Caroline Goldman est revenue sur son épineuse croisade contre les dérives de l’éducation positive.
Sébastien SORIANO / Le Figaro

Rentrée scolaire oblige, la psychologue clinicienne adresse un nouveau guide aux « parents d’aujourd’hui ». Invitée sur le plateau de France Inter ce mardi 3 septembre, elle revient sur son épineuse croisade contre les dérives de l’éducation positive.

Dans la famille Goldman, tout n’est pas forcément centré autour de la musique. La fratrie, les femmes en particulier, sont animées par une profonde « dévotion au soin et à la cause des enfants », au point d’en faire un métier. C’est ce dont témoigne d’emblée la psychologue et docteure en psychopathologie Caroline Goldman sur France Inter ce mardi 3 septembre. La fille du célèbre compositeur, mais aussi d’un psychologue, et sœur aînée d’un pédiatre urgentiste, revient sur le devant de la scène cet automne avec la sortie de son Guide des parents d’aujourd’hui (Ed. Flammarion). Le livre est une adaptation littéraire de son podcast et de ses chroniques sur France Inter. Des chroniques qui, d’ailleurs, n’avaient pas manqué de faire du bruit auprès des auditeurs, qui lui reprochaient, entre autres, un discours culpabilisant les parents ou sa mise en cause du trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Au micro de la journaliste Mathilde Serrell, la psychologue se défend et réaffirme ses positions.

« Combattez avec vos armes »

« Je m’intéresse autant aux critiques qu’aux remerciements. Certains m’ont fait évoluer, d’autres moins. (…) (Mes détracteurs) sont souvent des vendeurs de positivité qui n’ont aucun intérêt à ce que je leur mette des bâtons dans les roues de leur marketing », observe-t-elle. Forte de plus de vingt ans d’expérience professionnelle en cabinet privé, la quadragénaire déplore publiquement les dégâts causés par une éducation positive à la française qui refuse les limites éducatives au sein du foyer. « Je ne voulais pas passer les quarante prochaines années de ma carrière à défaire ce que disent des gourous autoproclamés qui sont des spécialistes de l’éducation et n’ont jamais étudié la psychologie. Je me suis dit : “il faut aller en zone de guerre et se battre avec leurs armes” », se souvient-elle.

HPI est un fantasme marketing qui décrète que la qualité peut justifier la souffrance.

Caroline Goldman

Ses critiques n’ont pas changé, elle les martèle depuis près de quatre ans et encore ce mardi matin sur France Inter. « Je suis venue clairement dire qu’on nous ment, qu’on nous culpabilise pour vendre des livres et des méthodes de coaching. En réalité, les enfants difficiles ont besoin qu’on leur pose des limites quand tout va bien », nuance-t-elle. Et d’ajouter : « Il y a l’enfant théorique qu’on nous présente, et puis l’enfant réel qui est très concret, qui met à rude épreuve toutes les ressources psychologiques et physiques des parents. Qu’ils aillent bien ou qu’ils aillent mal, dans tous les cas les enfants sont des tornades ; d’adorables tornades qui demandent une certaine discipline et de bonnes réponses à leur mouvement. »

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La psychologue pour enfants et adolescents continue également de s’opposer au surdiagnostic du TDAH et aux cas de HPI (haut potentiel intellectuel). « On jette des étiquettes censées expliquer les singularités de l’enfant, mais ces étiquettes sont extrêmement grossières. Le HPI n’existe même pas dans les classifications des maladies mentales ; c’est un fantasme marketing qui a décrété qu’une qualité pouvait justifier la souffrance. Pourtant, tout comme avoir de beaux cheveux ou être bon en sport, être intelligent n’a pas de conséquences fâcheuses sur le système mental », observe-t-elle.

Des temps différents, des enjeux différents

Autre point de tension, les écrans. Sur ce point, Caroline Goldman plaide en faveur d’une meilleure utilisation plutôt que d’une interdiction totale. « L’impact des écrans est révélateur du problème familial. Soit il sera utilisé de manière vertueuse et aura pour conséquence de satisfaire la curiosité de l’enfant. Auquel cas, il sera révélateur d’un environnement familial structurant qui a pré-structuré l’enfant », souligne-t-elle. « Soit l’écran a un impact néfaste et dans ce cas, on peut s’interroger sur ce que l’enfant reçoit par ailleurs. »

Après avoir entrepris un bref régime médiatique suite au déluge de critiques sur ses chroniques sur France Inter, la psychologue clinicienne s’est visiblement remise ces derniers mois. Face à ceux qui l’accusent d’être répressive, d’incarner « une psy réactionnaire », voire une « anti-Dolto », Caroline Goldman riposte et argumente. « J’adore Françoise Dolto mais c’était une autre époque où les enfants étaient déprimés à cause d’une carence affective et non éducative. Si j’étais née il y a soixante ans, je serais partie en croisade avec Dolto pour faire entendre que l’enfant est une personne, qu’il a besoin d’attention. Mais ce ne sont plus vraiment les travers de l’époque (…) ; aujourd’hui on régule un excès. »

Pour certains patients, Caroline Goldman incarne une psychologue à contre-courant du portrait dressé par les médias. Celle qui a le sens de la formule, de la métaphore, et parfois le sens de l’humour comme Florence Foresti, quand l’occasion se présente, rapporte la journaliste Mathilde Serrell. A la fin de l’entretien, la psychologue adresse d’ailleurs un message à ses « petits patients », leur souhaitant « d’être légers, heureux, de vivre pleinement leur enfance, dans l’insouciance, l’impulsivité, la joie ». Et de conclure : « Parce qu’une enfance heureuse, c’est tout un destin de bonheur, et un destin, une vie, c’est long ».

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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