250 000 Citroën C3 et DS ont été rappelées dans toute la France pour airbags défectueux. Vanessa, dont le véhicule est concerné, témoigne avoir le sentiment que le groupe automobile a « joué avec la vie des gens ».
« Je n’aurais jamais imaginé lire ça. ». En janvier dernier, lorsque Vanessa, 37 ans, a reçu une lettre de Citroën lui annonçant que ses airbags étaient défectueux et pouvaient provoquer «« blessures graves ou mortelles »elle n’en croit pas ses yeux. Cette Grenobloise récemment arrivée à Lyon pour son travail possède sa voiture depuis 2013 et a toujours soigné scrupuleusement son entretien.
Vanessa fait partie des propriétaires des 250 000 véhicules concernés en France. 182 000 C3 et 65 000 DS3 produites entre 2009 et 2019 ont été rappelées par Citroën en raison de leurs airbags défectueux de la marque japonaise Takata. En étant exposé à la chaleur, le gaz contenu à l’intérieur du ballon risque de déclencher l’airbag avec trop de force, provoquant une projection potentiellement mortelle de débris métalliques.
Commence alors pour Vanessa, comme pour des milliers d’autres consommateurs, un long parcours du combattant.Mes parents et moi avons appelé plus d’une dizaine de garages de la région grenobloise, mais aucun n’avait de pièces détachées. » À force d’insistance, elle a réussi à obtenir un rendez-vous pour fin juin, soit près de six mois plus tard. Le garage qui accepte de la recevoir fait comprendre qu’il ne pourra peut-être pas avoir les pièces à son arrivée. « Au début, je n’étais pas trop inquiet car il était précisé que le risque d’explosion des airbags était en période de forte chaleur, mais à l’approche de l’été, l’inquiétude s’est accrue. ».
D’autant que la situation devient alarmante, puisque Vanessa reçoit un second courrier le 26 avril, dans lequel Citroën demande de cesser immédiatement de conduire le véhicule. Le courrier contient un QR code pour enfin permettre le traitement du dossier. Mais après s’être enregistrée, Vanessa ne reçoit aucun mail de confirmation et attend encore de longues semaines, sans pouvoir prendre le volant. Du côté de Citroën, c’est lettre morte. Impossible de contacter un interlocuteur, pas de véhicule de prêt disponible… les conducteurs aux airbags défectueux se sentent livrés à eux-mêmes.
« ONe jouez pas avec la sécurité et la vie des gens«
Vanessa a donc décidé de contacter le Service de Surveillance des Véhicules et Moteurs (SSVM) du gouvernement français. Ce n’est que lorsque son dossier a été signalé par ce service à Citroën qu’elle a reçu un quelconque retour. Vanessa, qui souffre d’un handicap cognitif et ne peut conduire qu’une transmission automatique, s’estime chanceuse car elle a pu obtenir l’aide de ses parents et opter pour les transports en commun.Pour plusieurs personnes « Les personnes rencontrées sur les groupes de soutien créés sur Facebook n’ont pas eu ce cas de figure. Il s’agissait de personnes âgées, isolées, qui se sont retrouvées complètement bloquées. Avec le dilemme de rester coincées, ou de prendre le volant au péril de sa vie » Vanessa soupire.
Cette fonctionnaire a finalement pu faire changer ses airbags défectueux ce mercredi 26 juin. »Le garage m’a dit qu’ils avaient reçu 2 500 appels concernant le remplacement des airbags ! elle témoigne, disant être en colère contre Citroën : « « C’était tellement d’énergie, tellement de fatigue ! Comment Citroën pouvait-elle organiser une campagne de rappel sachant qu’il n’y avait plus de pièces disponibles ? ». Mais plus que tout, Vanessa critique les risques que la marque automobile a imposé à ses clients : «Les risques étaient connus depuis 2014, pourquoi n’en ont-ils été informés que maintenant ? On aurait dit qu’ils envoyaient ces courriers uniquement pour se couvrir en cas d’accidents puisqu’il n’y avait aucune suite à donner. Mais on ne joue pas avec la sécurité et la vie des gens. »
