« Le diabète est bien mieux géré qu’il y a 15 ou 20 ans »
La Journée mondiale du diabète, le 14 novembre 2024, est l’occasion de s’intéresser à cette maladie chronique, qui a de graves conséquences si elle n’est pas détectée suffisamment tôt. Rémi Sari et Stéphanie Vattaut, endocrinologues et diabétologues à l’hôpital de Montauban (Tarn-et-Garonne), ont répondu à nos questions.
Le centre hospitalier de Montauban déploie ce jeudi 14 novembre 2024 un stand d’information sur le diabète dans son hall, accompagné d’un dépistage gratuit dans son hall d’accueil (1). Allez-y, vous nous remercierez plus tard. Cette maladie dite « silencieuse », sans symptômes spontanés, touche quelque 4 millions de personnes en France, dont 380 460 en Occitanie, soit un taux de prévalence de 6,5 %, en nette augmentation sur la dernière décennie. Rien que dans le département du Tarn-et-Garonne, 14 000 patients sont soignés. Cela montre que le diabète, considéré par l’OMS comme une épidémie mondiale, est un problème de santé publique. Cependant, la sensibilisation du public à cette maladie reste trop faible. Le point avec deux spécialistes.
Comment expliquer simplement ce qu’est le diabète ?
Le diabète se caractérise par un excès de sucre dans le sang, entraînant un taux de glucose trop élevé (hyperglycémie). Il existe deux types de diabète. Le diabète de type 1, dans moins de 10 % des cas, est dû à un arrêt de la production d’insuline par le pancréas. Elle survient plus fréquemment chez les enfants ou les adolescents. Le diabète de type 2 est la forme de diabète la plus courante, représentant 90 % des cas. Elle apparaît souvent après 40 ans. À long terme, l’hyperglycémie peut entraîner le développement de complications, en particulier aux yeux, aux reins, aux nerfs, au cœur et aux vaisseaux sanguins.
Quels sont les principaux facteurs de risque ?
Pour le diabète de type 2, disons que les hommes y sont plus sujets que les femmes (55% contre 45%), qu’il est essentiellement lié au mode de vie : surpoids, sédentarité, fumeur, hypertension artérielle. Il existe également des territoires plus touchés que d’autres, par exemple les territoires d’outre-mer où le taux de prévalence est deux fois plus élevé que celui de la France métropolitaine. En France, le Nord est plus touché que la Bretagne, l’Occitanie est moyenne. On peut ajouter qu’il existe un lien entre fragilité sociale et diabète, les catégories les plus défavorisées là-bas. être plus exposé. Enfin, l’histoire familiale est un marqueur important.
Comment diagnostique-t-on le diabète ?
Normalement, lors de toute prise de sang standard, nous mesurons le taux de glucose, la glycémie. En cas de suspicion de diabète, elle sera confirmée par un deuxième examen. Mais c’est loin d’être suffisant. La meilleure preuve étant qu’un tiers des patients sont diagnostiqués lors d’une complication. Une enquête récente indique qu’un Français sur deux déclare ne jamais avoir subi de dépistage du diabète. Il y a un aspect course contre la montre.
Cependant, les traitements ont progressé…
Oui, et c’est ce qui est réconfortant. Les patients sont bien mieux soignés qu’il y a 15 ou 20 ans. Il y a moins de complications graves. Les médicaments ont fait des progrès. On peut se passer des traitements injectables au profit des comprimés, qui assurent également une protection cardiovasculaire. Après, comme il y a de plus en plus de patients, et de moins en moins de médecins, la situation reste tendue.
Mourons-nous du diabète ?
Non, par contre tout doit être fait pour éloigner le patient diabétique des complications graves (crise cardiaque, dialyse, amputation traumatique, cécité, etc.). Et nous y arrivons. Nous avons parmi nos patients des diabétiques de plus de 90 ans, considérés comme en bonne santé.
Par quel miracle ?
Il n’y a pas de miracles. Le traitement du diabète repose essentiellement sur des choses assez simples, accessibles à tous : une alimentation équilibrée, une activité physique régulière et des médicaments. On se rend compte que le respect des deux premières recommandations permet de réduire, voire de supprimer, la médication. Ce qui est assez déprimant en France, c’est de voir les chiffres de l’activité physique, notamment chez les jeunes. Ils ne bougent plus, ne peuvent plus courir et grossissent. Ce sont malheureusement les diabétiques de demain.
Devons-nous tous nous considérer comme des diabétiques qui s’ignorent jusqu’à preuve du contraire ?
Nous n’irons pas jusque-là. D’autre part, prendre soin de sa santé, avoir une alimentation équilibrée, avoir un mode de vie sain, cellulefaisait partie de la prévention de base. Ceci est également valable pour toutes les maladies. Un tiers des cancers pourraient être évités grâce à un mode de vie moins sédentaire.
L’alimentation est importante pour la gestion du diabète. L’industrie agroalimentaire a-t-elle progressé dans ses recettes ?
Non, elle joue toujours sur nos sentiments et utilise encore beaucoup trop de sucre. Même dans l’eau minérale. Prenez la peine de retourner les produits et regardez les étiquettes pour identifier l’apport en glucides. C’est fastidieux, c’est vrai, mais c’est très instructif.
(1) L’association des diabétiques d’Occitanie se mobilise samedi 16 novembre chez Auchan à Montauban de 9h à midi.