À tous les amateurs de chocolat, à tous les dingues des barres, à tous les petits fous des carrés noirs, mais aussi à tous les pâtissiers et maîtres chocolatiers, asseyez-vous. Fermez les yeux, respirez un grand coup et soufflez. Ce que vous allez lire maintenant va probablement vous faire peur. Et on vous comprend. Mercredi, les autorités ghanéennes ont annoncé une augmentation de 45 % du prix des fèves de cacao. La décision n’est pas sans conséquence puisque le pays d’Afrique de l’Ouest est tout simplement le deuxième producteur mondial, derrière la Côte d’Ivoire. À eux deux, les deux pays représentent plus de la moitié de la production mondiale.
La décision du Ghana n’est pas de vous mettre au régime, mais de protéger son économie et ses producteurs. A l’heure où les prix du cacao sont particulièrement élevés, le pays a choisi d’augmenter de 45% le prix payé à ses producteurs, afin de lutter contre la contrebande. Chaque producteur recevra désormais 192 dollars pour un sac de 64 kg de fèves, contre 132 dollars auparavant. Ce faisant, le Ghana Cocoa Board (Cocobod) espère convaincre les producteurs de se tourner vers lui plutôt que de se tourner vers le marché de la contrebande, où ils peuvent espérer des prix plus élevés.
Les prix montent en flèche à New York
En avril, le Ghana avait déjà augmenté de 58 % le prix d’achat du cacao aux producteurs. Celui-ci se situe désormais autour de 3 000 dollars la tonne, contre 1 335 dollars au début de la campagne 2023-2024. Les cours mondiaux du cacao sont élevés depuis plusieurs mois. Le prix de la tonne de cacao à New York a récemment dépassé à nouveau les 7 000 dollars en raison de mauvaises récoltes au Ghana et en Côte d’Ivoire, principaux producteurs mondiaux.
En se détournant du Ghana Cocoa Board, auquel ils sont obligés de vendre, les producteurs pénalisent l’économie de leur pays. La Banque nationale du Ghana a estimé que la perte de recettes était de l’ordre de 500 milliards de dollars au premier trimestre seulement, en partie à cause de la contrebande. Les experts estiment que l’augmentation du prix à la production du cacao pourrait encourager les agriculteurs ghanéens à investir dans leurs exploitations, ce qui pourrait pallier la pénurie de l’offre mondiale.
De moins en moins de cultures sont exploitées
De moins en moins rentable, la culture du cacao devient de moins en moins attractive. Selon Cocobod, 500 000 hectares de cacaoyers ont été perdus ces dernières années, soit environ 29% de la superficie totale du pays jusque-là consacrée au cacao.