Le dernier break V8 atmosphérique d’Audi, le RS4 Avant B8, doit être préservé
Les objets de collection sont des voitures particulièrement intéressantes, donc dignes d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent néanmoins en quantité définie, soit parce que le constructeur l’a décidé, soit parce que leur production a été arrêtée. Ensuite, elles bénéficient de particularités qui les rendent particulièrement désirables : un moteur, un châssis, un design ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Nous ne savions pas à quel point nous avions de la chance quand les moteurs V8 atmosphériques étaient monnaie courante. Ces merveilleux moteurs de plaisir ont donné naissance à des sportives hors du commun, du moins d’un point de vue mécanique, comme l’Audi RS4 Avant B8. Cette familiale relativement discrète est la toute dernière à allier grande praticité et furieux V8 atmosphérique. Ne comptez pas sur Audi pour lui donner une descendante, la future A4 sera électrique… Fini la musique ! Il faut donc déjà mettre de côté les belles RS4 B8, dont le nombre est voué à diminuer irrémédiablement.
Installer certains des moteurs puissants dans des breaks silencieuxc’est une spécialité d’Audi depuis la mythique RS2 de 1994. Très peu produite, celle-ci réunit tous les atouts d’une familiale et d’une sportive, avec sa carrosserie pratique et sa mécanique fougueuse, un 5 cylindres turbo offrant 315 ch. Elle est depuis devenue un modèle très recherché (et cher !), qui a fait des rejetons à Ingolstadt, badgés RS. En 2005, l’A4 B7 est déclinée en RS4 et reçoit pour l’occasion un prix exceptionnel V8 de 4,2 l à aspiration naturelle développant 420 ch : il n’y avait rien de plus puissant dans la catégorie. Cependant, la production s’est arrêtée en 2008, et le successeur devra attendre.
En effet, l’A4 B7 est ensuite remplacée par la B8, établie sur une nouvelle plateforme, mais la variante RS4, proposée uniquement en break Avant, n’arrive qu’en 2012. Après le facelift de la B8, donc. Mais l’attente valait la peine, car le V8 à injection directe de sa devancière est de retour, amélioré. D’ailleurs, on l’avait déjà vu en 2010 dans le coupé RS5, techniquement identique, ou presque, à la RS4 B8.
Celle-ci est donc équipée de la transmission intégrale Quattro, désormais associée à une boîte à double embrayage à 7 rapports. Il en résulte performance au feu : 250 km/h de vitesse de pointe, 0 à 100 km/h en 4,7 s. Comme la bête pèse 1 795 kg, elle bénéficie de freins de grande taille (disques avant/arrière de 365 et 324 mm), de trains roulants en aluminium adaptés (arrière multibras, avant double triangulation), complétés en option par l’amortissement piloté DRC. Unique, ce dispositif relie les amortisseurs en croix par un circuit hydraulique qui, en ouvrant ou en fermant sa valve centrale, fait varier l’amortissement.
De plus, toujours pour renforcer l’esprit sportifon retrouve le différentiel arrière à vectorisation de couple (il permet d’envoyer plus de couple à une roue pour améliorer l’agilité de la voiture), la direction configurable, les jantes de 20 pouces, les disques céramiques de 380 mm, le Driver pack élevant la vitesse maximale à 280 km/h…
Heureusement, en standard, La RS4 ne manque pas d’équipements de confortdu moins en France : GPS, sellerie sport en cuir à réglage électrique, climatisation automatique tri-zone, régulateur de vitesse, phares au xénon, chaîne hifi 19 haut-parleurs, système antivol Tracker… Pas grand-chose compte tenu du prix de base de 85 900 € (102 350 € aujourd’hui selon l’Insee), astronomique mais bien placé par rapport aux 90 100 € d’une Mercedes C63 AMG SW, se contentant de deux roues motrices. Et puis, à l’époque, le malus CO2 restait modéré : 3 600 € !
Tout le monde s’en plaignait, mais personne n’imaginait qu’elle atteindrait un jour les 60 000 €, éradiquant pratiquement les ventes de modèles comme cette Audi en France… Ainsi, la RS4 connaîtra son petit succès. Il perdurera sans changement notable jusqu’en 2015, et après cela, aucun break Audi n’aura droit à un bon gros moteur atmosphérique, normes anti-CO2 obligent.
Combien ça coûte?
Si vous acceptez un kilométrage élevé (250 000 km), vous pouvez trouver une RS4 Avant à partir de 26 000 €. A 28 000 €, on passe sous les 200 000 km, à 34 000 € sous les 150 000 km, à 40 000 € sous les 100 000 km et à 50 000 € sous les 50 000 km. Compte tenu des très nombreuses options, ces prix peuvent varier considérablement.
Quelle version choisir ?
D’abord celui qui est dans le meilleur état possible et équipé de tout son suivil’entretien étant la clé de sa longévité mécanique. Inutile de se focaliser sur les freins carbone-céramique, leur renouvellement coûte une petite fortune.
Éditions de collection
Toutes, à condition qu’elles soient en parfait état d’origine (ce qui est facilité par la difficulté de préparation du moteur). De nombreuses options seront un plus, tout comme un très faible kilométrage. Mais celle qui sera la plus recherchée sera la Nogaro.
À quoi faut-il faire attention ?
Très bonne nouvelle, le V8 de 450 ch de la RS4 B8 ne semble pas affecté par les problèmes de chaîne de distribution observés sur le coupé RS5. Avec un entretien adapté, Il peut gérer un kilométrage très élevé sans aucun problème majeur.. Elle ne souffre même pas de dépôts de carbone, même si un nettoyage après 100 000 km ne fera pas de mal. Cependant, autour de ce kilométrage, les huit bobines devront souvent être changées, ainsi que les bougies, ce qui coûte cher.
Aucun problème majeur ni du côté de la transmission, à condition de la vidanger entièrement (boîte de vitesses et différentiels) tous les 60 000 km, ce qui, évidemment, n’est pas donné.
En réalité, les soucis coûteux viennent de Amortissement DRC, sujet à des défaillances. S’il y a eu un rappel aux USA, il n’y a rien de tel ici. Si vous entendez des cognements, faites attention. Il faudra peut-être purger le liquide puis le remettre sous pression, tâche à confier à un garage spécialisé. Autre possibilité : un amortisseur qui fuit, à remplacer. A 1 000 € pièce, faites le calcul… Surveillez également l’état des silentblocs des trains roulants, qui sont nombreux.
Faites également attention à la prix des disques de freinmême métallique (500 € pièce), pneus et jantes très exposés. Enfin, dans l’habitacle, le vieillissement est excellent mais il reste quelques bugs électroniques.
Bref, l’entretien courant coûte cher, mais ne dispense pas le propriétaire d’une inspection : évitez les voitures maltraitées, utilisées pour les courses et autres activités de salopes…
Sur la route
Quel intérieur somptueux et parfaitement fini que la RS4 ! On est également parfaitement installé au volant, le siège sport assurant un maintien remarquable. Au démarrage, même s’il est feutré, Le son du V8 est une source de plaisir. Le moteur, d’ailleurs, domine l’expérience de conduite. Plutôt silencieux à bas régime, il délivre sa puissance de manière progressive, l’exact opposé d’un électrique. En mode Sport, dès 4 000 tr/min, la poussée s’intensifie sensiblement, et se renforce juteusement jusqu’à plus de 8 000 tr/min. Sublime ! Mais moins que le hurlement de sirène du V8 à ce régime… La boîte S tronic l’accompagne idéalement, passant les rapports instantanément, sans perte de couple, même si elle manque un peu de douceur au quotidien.
Le châssis ? Il est moins convaincant. Non pas en raison d’un quelconque manque de sécurité : la RS4 est, de ce point de vue, irréprochable. La préhension et la motricité sont de fer ! Cela dit, à la limite (sur circuit), l’Audi sous-vire fondamentalement dès que les virages sont trop serrés, et même avec le différentiel arrière Sport, l’arrière ne survire pas. Elle peut le faire dans des courbes plus larges, dans un angle très contrôlable, et le mouillé ne la fera pas trembler même si vous remettez les gaz en appui. C’est rassurant mais pas amusant :pour le plaisir du survirage, optez pour une M5 Touring ou une C63 AMG.
Nous regrettons également le absence totale de sensation dans la directionsurtout avec l’amortissement DRC, très ferme quel que soit le mode engagé. Si cela favorise l’efficience, cela pénalise le confort sur cette familiale qui n’a rien d’un bout de bois. On se console avec le freinage, très puissant et endurant. Quant à la consommation, elle ne descendra jamais en dessous de 12 l/100 km en moyenne et dépassera allègrement les 20 l/100 km en cas d’attaque…
L’alternative pour les jeunes
Audi RS4 B5 (1999 – 2001)
La première descendante de la RS2, conçue avec Porsche, est la RS4 B5, un produit presque entièrement Audi. Basée sur l’A4 Avant de première génération, ce break bénéficie de trains roulants assez raffinés (doubles triangulations), naturellement adaptés, mais ce dont on retient surtout, c’est le moteur. Préparé avec Cosworth, ce V6 2,7 l biturbo développe quelques 381 ch pour un couple énorme de 450 Nm. Cela se traduit par des performances exceptionnellesle 0 à 100 km/h étant expédié en 4,9 s, favorisé par la transmission intégrale Quattro. La boîte de vitesses est uniquement manuelle et compte 6 rapports. Jusqu’en 2002, un peu plus de 6 000 RS4 B5 seront vendues. A partir de 33 000 €.
Audi RS4 B8 (2012), fiche technique
- Moteur : 8 cylindres en V, 4 163 cm3
- Alimentation : injection directe
- Suspension : Double triangulation, ressorts hélicoïdaux, barre anti-roulis (avant) ; essieu multibras, ressorts hélicoïdaux, barre anti-roulis (arrière)
- Transmission : boîte à double embrayage à 7 rapports, quatre roues motrices
- Puissance : 450 ch à 8 250 tr/min
- Couple : 430 Nm à 4 000 tr/min
- Poids : 1 795 kg
- Vitesse maximale : 250 ou 280 km/h (données constructeur)
- 0 à 100 km/h : 4,7 s (données constructeur)
> Pour retrouver les annonces de l’Audi RS4 B8, rendez-vous sur le site de La Centrale.