La patronne du Women’s Tour a fait le point dimanche, à la veille de la grande ouverture de la troisième édition, depuis Rotterdam.
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Les Jeux olympiques viennent à peine de se terminer qu’une autre compétition d’envergure débute ce lundi 12 août. Pour sa troisième édition, le Tour de France féminin a choisi de s’élancer de l’étranger, depuis Rotterdam, aux Pays-Bas, une première dans l’histoire récente de la course. Un choix que Marion Rousse, la directrice de course, a défendu une nouvelle fois à la veille du premier coup de pédale. Devant les journalistes, elle a également exprimé son optimisme quant au développement du cyclisme féminin.
Que signifie pour vous quitter les Pays-Bas ?
Marion Rousse : Nous n’avons pas choisi notre premier grand départ à l’étranger par hasard. Nous avons choisi les Pays-Bas parce que c’est un pays de cyclisme, un pays de champions, et c’était important de venir faire la fête ici. Nous savons que c’est un succès populaire assuré. Nous savons aussi que c’est une période post-olympique compliquée. Pour toutes ces raisons, nous sommes très heureux de partir des Pays-Bas. Nous avons reçu un accueil royal. En sortant de la gare, j’ai vu les panneaux « Tour de France femmes avec Zwift ». On sent vraiment l’excitation. On voit déjà beaucoup de monde ici. Nous sommes ravis d’être ici et j’ai hâte de repartir.
Que répondez-vous à ceux qui disent que quatre étapes à l’étranger, c’est trop pour un Tour de France qui en compte huit ?
Il y a des supporters et des gens qui sont contre, comme chez les hommes. Je le redis et le redis, c’est une année particulière. Le fait de pouvoir partir de l’étranger montre aussi l’influence du Tour de France féminin. On n’existe que depuis trois ans et déjà des étrangers nous appellent quasiment tous les ans. Après les Jeux olympiques, la police a été surchargée cet été. Si on pouvait la soulager en partant de l’étranger, ce serait une bonne chose. On arrivera très vite en France.
Il y a trois blocs dans ce Tour de France féminin, avec trois premières étapes hollandaises délicates…
Oui, je viens de rencontrer Stephen Delcourt, le manager de l’équipe FDJ-Suez. Il m’a dit : « J’attends vraiment avec impatience ces deux premiers jours de course, car on veut arriver à des profils d’étapes qui nous conviennent un peu plus ». C’est certes plat. Il n’y a pas une seule difficulté, mais du vent est annoncé pour lundi. C’est le pays du vélo, avec les infrastructures qui vont avec, pas mal d’aménagements urbains. Les filles le savent, elles pratiquent l’Amstel Gold Race chaque année. Je peux comprendre que ce soit stressant pour certaines. Avec le maillot jaune en jeu, évidemment la première étape va être tendue.
« Huit étapes cette année, neuf l’an prochain. Le Tour de France féminin continue d’évoluer »
Marion Rousse, directrice de courseen zone mixte à Rotterdam
Les coureurs sont unanimes pour dire que cette édition sera la plus difficile des trois. Était-ce votre intention ?
Nous avons tracé l’étape la plus dure de l’histoire du Tour de France féminin avec près de 4 000 mètres de dénivelé positif et une arrivée à l’Alpe d’Huez. C’est un parcours un peu plus traditionnel. Il y a vraiment deux premières journées complètement plates au départ des Pays-Bas, une étape classique avec l’arrivée à Liège, deux étapes plus sportives et enfin un dernier week-end de haute montagne. On s’y prépare.
Demi Vollering, l’ambassadrice idéale du cyclisme féminin ?
Elle est exceptionnelle. Le début de saison a été un peu plus compliqué que d’habitude pour elle, mais depuis la Vuelta, elle est vraiment concentrée sur son objectif, le Tour de France féminin. C’est une très belle championne. Beaucoup de jeunes filles peuvent s’identifier à elle. Elle est aussi très accessible, très professionnelle dans son approche. On a une super génération. On parle de Demi Vollering, mais Katarzyna Niewiadoma est aussi une fille très sympa, très fraîche dans les interviews.
Juliette Labous, Evita Muzic… Côté français, on n’a rien à se reprocher non plus. Et puis, l’année prochaine, on aura le retour de Pauline Ferrand-Prévôt, qui est déjà connue et reconnue. Elle rejoindra l’an prochain le Team Visma avec l’objectif affiché de gagner un jour le Tour de France féminin. On connaît ses capacités et son tempérament. Elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour atteindre les 100%. On est très heureux de pouvoir l’accueillir l’année prochaine.
Quel message souhaitez-vous transmettre aux petites filles ?
N’hésitez pas à venir rencontrer les championnes, à regarder le cyclisme féminin à la télévision. On parle des femmes, mais cela concerne aussi les hommes. Mon fils de 3 ans a regardé toutes les compétitions olympiques. Après, il a pris son épée pour jouer à l’escrime. C’est génial de pouvoir être ici et de créer des vocations. Ce sont des athlètes avec de belles valeurs. Elles représentent aussi les femmes d’aujourd’hui.
Le fait que des rumeurs de transfert commencent à apparaître est-il le signe qu’une nouvelle étape a été franchie ?
Absolument. Avant, je pense que si on demandait dans la rue le nom d’un cycliste professionnel, le seul nom qui ressortait était celui de Jeannie Longo. Les gens se sont habitués et ont pris goût à regarder le cyclisme féminin. Le marché des transferts est désormais aussi intéressant que celui des hommes. On parle de grosses sommes qu’on n’aurait pas pu imaginer il y a trois ans (les EAU auraient proposé un contrat d’1 million d’euros par an à Demi Vollering selon NRC) (article payant en néerlandais)) . C’est génial, ils le méritent.
Le cyclisme féminin est un système économique encore très fragile. Elles ont beaucoup galéré avant d’être reconnues à leur juste valeur. Je suis vraiment contente de pouvoir y participer. Nous sommes diffusés dans plus de 190 pays à travers le monde. Il y a eu un avant et un après. Nous souhaitons avant tout pérenniser l’événement, pour que dans cent ans nous soyons toujours là.