« Le débarquement du 6 juin 1944 est le plus grand spectacle de l’histoire militaire que le monde ait jamais connu »
Peter Caddick-Adams, ancien officier de l’armée britannique qui a enseigné à la UK Defence Academy, signe un Nouvelle histoire du Débarquement. Historien, il s’est intéressé au sujet après avoir découvert que « Personne n’avait étudié sérieusement le jour J dans toute sa complexité depuis des décennies ». Son œuvre rend hommage à tous les hommes tombés lors de la préparation de cette journée et à la finesse du travail préparatoire réalisé plus d’un an avant l’événement.
Vous avez passé des décennies à interviewer des anciens combattants, afin de dresser une « microhistoire » du jour J. Vouliez-vous humaniser cette histoire pour que les lecteurs puissent s’identifier plus facilement aux simples combattants ?
C’était mon hommage à cette génération de guerre. Je pense que c’est seulement maintenant que nous réalisons à quel point leur vie était différente de la nôtre et combien cela leur a coûté. Après avoir passé des années de ma vie à interviewer des vétérans de la bataille de Normandie de toutes nationalités, j’ai senti qu’ils m’avaient collectivement passé le flambeau pour raconter leur histoire à une autre génération. Lors de mes recherches, j’ai découvert qu’il y avait même des Coréens qui portaient des uniformes nazis ! C’était l’histoire du monde en un jour, qui représentait une époque entière.
Cet article est tiré du « Hors-série Le Monde : 1944 – Du débarquement à la libération de la France », mai 2024, en vente en kiosque ou en ligne en visitant notre site internet boutique.
Vous avez interrogé plus d’un millier de personnes impliquées dans le jour J. Pourquoi avez-vous accordé autant d’importance aux témoignages ?
J’ai eu la chance de visiter les plages pour la première fois à l’âge de 14 ans, en 1975, en compagnie d’anciens combattants, dont Bill Millin (1922-2010), l’Écossais qui jouait de la cornemuse à son débarquement. Depuis, j’ai recueilli leurs témoignages, d’abord en tant qu’écolier, puis en tant que militaire de carrière, puis en tant qu’universitaire et maintenant en tant qu’écrivain. La plupart d’entre eux sont morts aujourd’hui, mais leurs paroles me hantent depuis des années. J’espère avoir rendu justice à ce qu’ils m’ont dit.
J’avais tellement de matière que mon livre est devenu le premier volet d’une trilogie sur la guerre européenne de 1944-1945. La deuxième partie traitait de la campagne d’hiver dans les Ardennes en 1944-1945, mais j’ai repris les histoires de plusieurs de mes personnages français et britanniques dans mon troisième volume (Victoire à l’Ouest), qui couvre le récit de janvier à mai 1945, où j’ai particulièrement aimé écrire sur le rôle du général Jean de Lattre de Tassigny (1889-1952) et de son armée française dans la libération de Marseille et de la Côte d’Azur, puis dans les combats dans la région de Colmar, en Alsace, début 1945.
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