L’armée israélienne affirme avoir tué « dix terroristes » lors d’un raid majeur en Cisjordanie occupée. Le Croissant-Rouge palestinien indique pour sa part que 14 personnes sont mortes.
Le Croissant-Rouge palestinien a annoncé samedi 20 avril que 14 personnes avaient été tuées dans un raid israélien qui a débuté jeudi soir sur le camp de Nour Shams, près de Tulkarem en Cisjordanie occupée.
L’armée israélienne a indiqué plus tôt samedi avoir tué dix personnes et arrêté huit autres lors d’un raid « antiterroriste » contre ce camp situé au nord du territoire palestinien.
Tsahal annonce la mort de « dix terroristes »
Samedi soir, 48 heures après son incursion dans ce camp, cible fréquente de ces raids souvent meurtriers, l’armée s’est retirée, ont constaté des journalistes de l’AFP. Séparés, ils ont entendu des explosions et des coups de feu pendant une grande partie de la journée et ont vu au moins trois maisons bombardées, ainsi que des drones survolant le camp, indiquant une présence militaire importante sur le site.
Sur les images de l’AFPTV, on peut voir des véhicules militaires et des militaires déambuler dans les ruelles du camp, où vivent près de 7 000 personnes.
« Les forces de sécurité ont éliminé dix terroristes lors d’affrontements », a indiqué l’armée dans un communiqué, ajoutant que huit soldats et un agent de la police des frontières ont été blessés.
L’armée israélienne affirme que ces opérations visent des groupes armés palestiniens, mais les civils font souvent partie des victimes.
Un secouriste touché par des coups de feu
Lorsque les soldats sont partis samedi après-midi, les sauveteurs se sont précipités pour aider un Palestinien menotté, la plante des pieds lacérée, allongé sur un trottoir.
Le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne a fait état de « plusieurs personnes tuées et blessées à l’intérieur du camp, mais l’armée empêche les équipes médicales de porter secours aux blessés ».
Le ministère rapporte que onze personnes ont été blessées, dont sept par balle. Parmi eux, un secouriste a été touché par un tir, ajoute la même source dans un communiqué.
L’armée a effectué des perquisitions de maison en maison dans plusieurs quartiers du camp, a également noté le correspondant.
Des habitants contactés par l’AFP ont déclaré qu’ils étaient privés d’électricité et commençaient à manquer de nourriture, ne pouvant ni entrer ni sortir du camp. Les réserves de lait pour enfants s’épuisaient et les personnes atteintes de maladies chroniques, en particulier les patients dialysés, ne pouvaient pas recevoir de soins.
« Incursion sans précédent »
« Cette incursion est sans précédent », a assuré à l’AFP Muayad Shaaban, chef de la Commission de résistance à la colonisation et au mur, entité dépendante de l’Autorité palestinienne, évoquant « des tireurs embusqués sur les toits et des forces spéciales déployées ».
« Les Israéliens veulent faire taire la résistance palestinienne en Cisjordanie, notamment dans les camps du nord » du territoire, a accusé Hassan Khuraisha, député palestinien, interrogé par l’AFPTV.
Parmi les victimes, Qais Fathi Nasrallah, 16 ans, est décédé après avoir été « touché à la tête par des tirs israéliens », ont indiqué vendredi le ministère palestinien de la Santé et l’agence de presse palestinienne Wafa. Salim Faisal Ghanem, 30 ans, a été « tué par les troupes israéliennes » vendredi à Nour-Shams, selon Wafa.
Les commerçants se sont mis en grève samedi à Tulkarem pour protester contre ce raid, selon la même source.
Intensification de la violence en Cisjordanie
Le raid de Nour-Shams intervient sur fond d’intensification des violences en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza déclenchée par l’attaque du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien.
Au moins 480 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes ou les colons en Cisjordanie depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
Samedi après-midi, le chauffeur d’une ambulance du Croissant-Rouge palestinien a été tué lors d’affrontements entre colons et villageois palestiniens à As-Sawiya, un village au nord de Ramallah, ont indiqué l’organisation et le ministère palestinien de la Santé.
Selon un témoin contacté par l’AFP, des colons ont attaqué des maisons du village à coups de pierres et de balles réelles dans l’après-midi. Deux jeunes Palestiniens venus les affronter ont été blessés. A l’arrivée d’une ambulance, le chauffeur a été touché, selon ce témoin, qui a précisé que des soldats israéliens étaient présents.
Depuis le 7 octobre, neuf Israéliens, dont cinq membres des forces de sécurité, ont été tués en Cisjordanie, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires (Ocha) des Nations Unies.