Le crépuscule du « en même temps » – Éditorial de Marion d’Allard – 6 septembre 2024

Publié le 6 septembre 2024

Du coup de barre de la dissolution au coup de Trafalgar de la nomination à Matignon, il aura fallu plus de cinquante jours. Plus de cinquante jours de tergiversations, de parodies de consultations, de ballons d’essai, de petits calculs et de grandes ficelles, de faux suspense en somme pour aboutir, en quelques lignes dans un communiqué, à la nomination de Michel Barnier. Emmanuel Macron vient d’écrire l’épilogue d’un des chapitres les plus pathétiques de la Ve^et République. Point culminant d’une séquence politique désastreuse où, au déni démocratique, s’est substitué un mépris manifeste du verdict des urnes. La gauche est arrivée en tête des législatives. La droite, soutenue par l’extrême droite, s’est installée à Matignon.

Exit la « clarification » et le « parfum de cohabitation », Emmanuel Macron a choisi de poursuivre. Celle d’une politique inique, antisociale, ultralibérale, patriarcale et anti-immigration, rejetée sans équivoque il y a à peine deux mois. L’objectif de l’Élysée était clair : rester à la barre et maintenir son cap, coûte que coûte. Il vient d’y parvenir de la plus pitoyable des manières, avec l’aide complaisante d’une extrême droite devenue maîtresse du jeu politique. Dans un double coup funeste dont il faudra savoir apprécier les conséquences, le chef de l’État achève la normalisation du RN et renforce la défiance populaire envers la politique. Le crépuscule du « en même temps ».

Le macronisme moribond a choisi le RN comme béquille et la droite conservatrice comme couverture de survie. Pour la démocratie, l’indignation est immense. L’ostracisme de la gauche – et de ses électeurs – appelle une réponse forte et unie. Le calendrier des revendications s’élargit. Le 7 septembre, à l’initiative d’organisations de jeunesse et d’ONG, rejointes par des partis de gauche, 150 marches pour la démocratie s’élanceront dans toute la France. Le 1er septembre,^euh En octobre, la CGT appelle à la mobilisation. Et entre-temps, rendez-vous à la Fête de l’Humanité, là où les forces du progrès convergent, là où les projets se confrontent et les idées s’échangent, là où se construisent les alternatives, là où les gens de gauche se tournent vers l’avenir.