le Conseil d’État suspend le décret qui interdisait ces dénominations
Ce mercredi 10 avril 2024, le Conseil d’État a suspendu un décret qui interdisait de nommer des produits contenant des protéines végétales par des termes de boucherie ou de charcuterie, comme « steak ».
Ce décret, qui interdisait par exemple la vente de « steaks de légumes », devait entrer en vigueur le 1er mai. Il faisait suite à la demande des acteurs de la filière animale, qui estiment que des termes comme « jambon végétal », « saucisse vegan » » ou « bacon végétarien » peuvent créer de la confusion chez les consommateurs.
« Le juge des référés estime qu’il existe un doute sérieux sur la légalité de cette interdiction. Dans l’attente de la réponse de la Cour de Justice de l’Union européenne, le juge du Conseil d’Etat suspend le nouveau décret, car il porterait également un préjudice grave et immédiat aux intérêts des fabricants vendant exclusivement ce type de produits.indique le Conseil d’Etat dans un communiqué.
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Plusieurs constructeurs avaient saisi le Conseil d’Etat
Le Conseil d’État a donc donné raison aux fabricants de steaks végétaux ou de lardons, qui contestaient le décret leur interdisant ces appellations réservées aux produits d’origine animale.
Les sociétés 77 Foods (La Vie), Nutrition & santé (Céréal Bio), Les Nouveaux Fermiers (HappyVore), NxtFood (Accro), Olga (Sojasun) et Umiami (pour les professionnels) avaient demandé, via cette procédure d’urgence, la suspension de le décret du 26 février.
Lors de l’audience, ces entreprises ont insisté sur la problématique de la dénomination de leurs produits. « Il n’y a rien de plus explicite que le bacon végétal », a par exemple estimé Nicolas Schweitzer, fondateur de La Vie. Risques HappyVore « mets la clé sous la porte », avait déploré un manager, comme le rappelle AFP.
« Il ressort de l’enquête que l’interdiction du 1er mai est susceptible d’entraîner une baisse significative du chiffre d’affaires des deux sociétés requérantes dont la majorité des ventes concerne ces produits », le juge du Conseil d’Etat a statué le 10 avril.
En juin 2022, le gouvernement a publié un premier décret qui a été suspendu en référé par le Conseil d’État.
Succès des viandes végétales
Le marché des substituts de viande d’origine végétale a connu un certain succès ces dernières années, tandis que l’empreinte carbone de la viande a été pointée du doigt. La production de viande émet en réalité beaucoup plus de gaz à effet de serre que les autres aliments. « On estime ainsi qu’entre un régime « classique » et un régime moins carné, les émissions de gaz à effet de serre augmentent de 1,6 tonne à 1 tonne équivalent CO2 par an et par habitant. Ceci est lié au fait que la production de viande et de produits laitiers émet plus de gaz à effet de serre que celle de fruits et légumes.rappelle le Commissariat général au développement durable, un organisme du ministère de la Transition écologique.
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) souligne dans un rapport de 2013 que le secteur de l’élevage est responsable de 14,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Les experts climatiques du GIEC ne préconisent pas un monde sans viande, mais ils conseillent « adopter une alimentation équilibrée, saine et durable ».