Le Conseil des retenues obligatoires recommande de revoir les avantages fiscaux pour les retraités
Le Conseil des prélèvements obligatoires a recommandé lundi, moins d’une semaine après l’annonce du projet de loi de finances, de revoir les avantages fiscaux des retraités les plus riches.
Moins d’avantages fiscaux pour les retraités les plus aisés et une meilleure prise en compte des charges familiales : c’est ce que préconise le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) dans un contexte budgétaire tendu.
Cet organisme, rattaché à la Cour des comptes, a préconisé ce lundi de renforcer l’égalité des Français face à l’impôt sur le revenu (IR), que 18,5 millions de foyers fiscaux ont payé sur les 40,2 millions que compte la France en 2023.
« Renforcer l’égalité devant les impôts, car c’est la clé pour consentir aux impôts »
Les recommandations présentées pourraient, selon les modalités choisies, permettre de passer d’une stabilisation à une hausse des recettes de 1,7 milliard d’euros, au moment où le gouvernement prévoit un effort de 60 milliards d’euros dès 2025 pour redresser les finances publiques.
« Le rapport (…) se fixe pour objectif de renforcer l’égalité des citoyens face à l’impôt sur le revenu » dans l’intérêt de « la justice et de la cohérence fiscales », a déclaré le président du CPO, Pierre Moscovici, lors d’une conférence de presse.
« Pour garantir l’acceptabilité de l’épargne, il est essentiel de renforcer l’égalité face à la fiscalité, car c’est la clé du consentement à la fiscalité », a-t-il ajouté. Mais « il ne faut pas interdire le recours au levier budgétaire » à condition que les mesures soient « mesurées, ciblées », a-t-il souligné.
Meilleure prise en compte de la structure familiale
Pour ce faire, le CPO recommande de mieux prendre en compte la structure familiale et le coût de l’entretien d’un enfant dans l’impôt sur le revenu. Il soutient par exemple une augmentation du plafond du quotient familial.
Il constate également que les couples de classe moyenne sont désavantagés par rapport aux célibataires sans enfants en raison de l’application de la réduction d’impôt, un mécanisme de réduction de l’impôt sur le revenu.
« Un couple avec un revenu de 20 000 euros par personne se retrouve à devoir payer un IR 304 euros supérieur à celui payé séparément par deux personnes seules à revenu équivalent », indique le rapport du CPO.
Pour éviter que 3 millions de foyers fiscaux de classe moyenne restent défavorisés par cette fiscalité commune, le CPO propose « une combinaison complète de la réduction ».
A l’inverse, il estime qu’il serait opportun de supprimer la demi-part supplémentaire pour les personnes seules ayant élevé seules un enfant au cours des cinq dernières années.
Moins d’avantages fiscaux pour les retraités
Le CPO juge également « certains traitements fiscaux préférentiels » injustifiés.
Dans sa ligne de mire, les avantages fiscaux, et notamment la réduction de 10%, des retraites dont bénéficient tous les retraités, y compris les plus aisés, alors que la décision du gouvernement de reporter de six mois, au 1er juillet, l’indexation des retraites est dénoncée. par la gauche et le RN.
Suppression des crédits d’impôt, prime de partage de valeur, etc.
Le CPO recommande d’ajuster, voire de supprimer certains crédits d’impôt, comme la réduction d’impôt pour les frais de scolarité ou celle relative aux investissements à l’Outre-mer pour les particuliers. Concernant le crédit d’impôt pour l’emploi d’un salarié à domicile (pour le ménage par exemple), le taux pourrait être réduit de 50 % à 40 % et celui de la réduction d’impôt pour don de 66 % à 50 %.
Elle évoque également les distorsions favorables aux locations meublées par rapport aux locations vides, ou aux compléments de salaire exonérés, comme le bonus de partage de valeurdont le Conseil demande la suppression.
Le CPO insiste également sur la nécessité d’intensifier la lutte contre la fraude en matière d’imposition des revenus des personnes physiques.
En 2023, l’impôt sur le revenu (qui est progressif) et les cotisations sociales (qui sont proportionnelles) ont rapporté 262,8 milliards d’euros, soit 9,3 % du PIB.