Le commissaire Chassaing connaîtra son sort vendredi
Condamnation ou acquittement ? Peine symbolique ou plus conséquente ? Le commissaire Grégoire Chassaing, seul poursuivi pour la mort de Steve Maia Caniço, noyé dans la Loire après une intervention policière lors de la Fête de la musique à Nantes en 2019, rendra son verdict vendredi après-midi.
Le 14 juin, dernier jour de son procès pour homicide involontaire devant le tribunal correctionnel de Rennes, le parquet avait requis la condamnation sans ambiguïté du policier de 54 ans. « qui a mené une action collective, qui a créé la situation qui a finalement conduit à la mort de Steve »un animateur périscolaire de 24 ans, a précisé le procureur Philippe Astruc.
Il a ensuite simplement demandé « une punition de principe »sans fixer de quantum. En l’absence de circonstances aggravantes, l’homicide involontaire est puni d’une peine maximale de 3 ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.
Le procureur de la République a toutefois bien retenu des circonstances atténuantes pour le commissaire en charge de la sécurisation du site : les policiers placés sous ses ordres ont lancé de leur propre initiative une dizaine de grenades lacrymogènes en réponse à des projectiles lancés depuis « fêtards » refusant de laisser les systèmes sonores arrêter de jouer à l’heure convenue de 4 heures du matin
Appelés à témoigner, les policiers ont assuré avoir agi « en état de légitime défense »sans avoir besoin d’instructions, rappelant les tensions créées à l’époque par le mouvement de « gilets jaunes ».
S’en est suivi un mouvement de foule qui a provoqué la chute dans la Loire de cinq personnes, dont Steve Maia Caniço, qui ne savait pas nager et souffrait, selon ses proches, d’une phobie de l’eau depuis l’enfance.
Le procureur Astruc a également déploré le fait que le commissaire Chassaing soit le seul à se retrouver sur le banc des accusés pour la noyade de Steve, « ce qui n’était pas l’option défendue par le ministère public ».
Plusieurs personnalités avaient été placées sous le statut de témoin assisté ou mises en examen au cours de l’enquête, dont le préfet de l’époque et le maire de Nantes, avant d’être acquittés.
« Irréprochable » ?
La défense du commissaire de 54 ans, aujourd’hui chef du district de Lyon, avait demandé l’acquittement, Me Louis Cailliez demandant aux trois magistrats de ne pas « ajouter une injustice à tout ce qui s’est passé cette nuit-là »dans la nuit du 21 au 22 juin 2019.
Selon ses avocats, M. Chassaing n’a pas commis les fautes reprochées par le parquet : « à aucun moment » il n’a manifesté une quelconque volonté de se battre contre le DJ qui avait remis le son malgré ses demandes, et « Il ne peut empêcher la réaction individuelle de ses hommes » qui tirent des grenades lacrymogènes en réponse aux projectiles.
« Je ne maîtrise pas tout »le fonctionnaire l’a admis lors du procès, mais « Qui aurait pu être irréprochable dans de telles conditions ? ».
Les avocats de la famille de Steve pointent leur main « une succession d’échecs de prévoyance, d’imprudence, de manque d’anticipation (qui) a conduit à cette tragédie »croyant que les policiers étaient « de façon » laissés à eux-mêmes ce soir-là.
L’enquête a déterminé que la chute de Steve s’est produite à un endroit de la plateforme sans barrière à 04:33 et 14 secondes, deux minutes après les premiers coups de grenade tirés par la police.
Pris dans un épais nuage de fumée de gaz lacrymogène, plusieurs fêtards ont chuté de 5 à 6 mètres dans une eau à 21°C. Certains ont été récupérés par un bateau de sauvetage nautique, spécialement conçu pour la nuit.
Mais Steve Maia Caniço n’a pas pu atteindre le quai.
Malgré les recherches, le corps de Steve n’est réapparu qu’un mois plus tard, découvert par le pilote d’une navette fluviale.
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