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Le chômage des jeunes monte en flèche

Nouveau mauvais chiffre pour Pékin. Le taux de chômage des jeunes en Chine a atteint 17,1% en juillet, selon les chiffres officiels consultés samedi.

Il s’agit de son niveau le plus élevé depuis le début de l’année. En comparaison, le taux de chômage des 16-24 ans était de 13,2 % en juin, selon les données du Bureau national des statistiques (NBS). Le taux avait atteint des records l’an dernier (21,3 %), avant que les autorités ne suspendent la publication des chiffres, officiellement pour revoir leur méthodologie. Les étudiants ne sont plus inclus.

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Parmi les 25-29 ans, le taux de chômage s’est établi à 6,5 % en juillet, en hausse également par rapport au mois précédent (6,4 %). Pour l’ensemble de la population active, le taux de chômage s’est établi à 5,2 % le mois dernier. Note : ce chiffre ne reflète pas complètement la situation économique car il n’est calculé que pour les villes. Il exclut les millions de travailleurs migrants des zones rurales, particulièrement vulnérables au ralentissement économique.

L’économie chinoise est en difficulté

Le géant asiatique est en proie à une crise sans précédent dans son vaste secteur immobilier, à une confiance morose des ménages et des entreprises qui pénalise la consommation, tandis que les tensions géopolitiques avec Washington et l’Union européenne menacent son commerce extérieur.

Le Bureau national des statistiques (NBS) a publié le 31 juillet son indice des directeurs d’achat (PMI) pour le mois de juillet, qui s’établit à 49,4. Si ce dernier chiffre mensuel est conforme aux prévisions de Bloomberg, cet indicateur clé pour évaluer la santé du secteur manufacturier du pays signale une contraction de l’activité lorsqu’il est inférieur à 50. C’est le troisième mois consécutif où l’indice est inférieur à 50. En juin, il était à 49,5.

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Cette situation inquiète les autorités, qui multiplient les pressions pour obtenir un soutien accru de l’Etat afin de relancer la deuxième économie mondiale. Et pour cause, Pékin peine à atteindre son objectif de croissance annuelle de 5% pour 2024, jugé ambitieux par de nombreux économistes.

Au deuxième trimestre, la croissance a fortement ralenti sur un an (+4,7%), selon les chiffres officiels publiés mi-juillet. Ce rythme est inférieur aux attentes des analystes et à celui du premier trimestre (+5,3%). Il est aussi le plus faible depuis début 2023, lorsque la Chine a levé ses restrictions draconiennes contre le Covid-19, qui pénalisaient l’activité. Par ailleurs, les ventes au détail n’ont progressé que de 2% sur un an en juin. Le ralentissement de cet indicateur clé reflète une consommation toujours atone.

Le gouvernement veut inverser la tendance

Pour tenter d’inverser la tendance, le président Xi Jinping a appelé en mai à faire de la lutte contre le chômage des jeunes la « priorité absolue ». priorité absolue « .

Dans le même temps, la banque centrale chinoise a abaissé plusieurs de ses taux directeurs fin juillet pour tenter de relancer l’économie. Par exemple, le taux des prêts à moyen terme aux institutions financières (MLF) a été abaissé de 2,5 % à 2,3 %, a indiqué la banque centrale dans un bref communiqué du 25 juillet. Il s’agit de la plus forte réduction du taux depuis avril 2020 et elle était inattendue, car la banque centrale annonce généralement le MLF le 15 de chaque mois.

Enfin, début août, la Chine a publié un plan de relance de la consommation des ménages. Cette liste de 20 mesures générales, publiée par le gouvernement chinois sur son site Internet, constitue une feuille de route destinée aux ministères et aux autorités locales. Dans son document, le gouvernement exhorte notamment à « accroître l’offre de services de soins aux personnes âgées « , par diverses mesures, une niche de développement pour l’économie chinoise dans un contexte de vieillissement inexorable de la population. Sur fond de baisse marquée chez les jeunes Chinois du désir d’avoir des enfants, en raison du coût élevé de l’éducation et du manque d’aides sociales, le texte appelle également à développer l’offre de garde d’enfants.

Des baisses d’impôts sont également prévues, notamment pour compenser les frais de garde des enfants de moins de trois ans et des personnes âgées. Le gouvernement promet aussi de faire en sorte que les petites et micro-entreprises éligibles du secteur des services puissent bénéficier d’un soutien financier plus important, notamment de la part des banques.

Dans le secteur alimentaire, le texte appelle à organiser davantage de festivals ayant pour thème la nourriture et à renforcer la promotion de « collations » La Chine a déjà fait le choix de la street food, dont les Chinois sont déjà très friands. Elle promet aussi d’encourager les grandes entreprises étrangères du secteur à ouvrir leurs premiers points de vente en Chine. En matière d’hébergement, le document prône une offre de meilleure qualité ou la rénovation de logements inoccupés dans les zones rurales, afin d’y ouvrir davantage d’auberges ou de maisons d’hôtes. Parmi les autres mesures, on compte l’appel à soutenir financièrement des formes de tourisme (sport, croisières, camping) encore peu développées dans le pays.

(Avec AFP)