Le choc des proches de Lilian Dejean, agent de nettoyage de 49 ans tué par balles à Grenoble
PORTRAIT – Le père de deux enfants est décédé dimanche matin alors qu’il intervenait pour maîtriser un chauffard qui avait pris la fuite. Sa famille le décrivait comme « un gars formidable » qui était très impliqué dans son travail.
« Il est mort en accomplissant son devoir. Il voulait aider les gens en difficulté. Il a essayé d’accomplir son devoir de patriote, c’est un petit héros », confier à la Figaro Fabrice, un cousin de Lilian Dejean. « C’est une mort gratuite à cause d’un accident de voiture, c’est horrible et ça fait mal. On se sent comme à Soweto (un township sud-africain connu pour sa criminalité, NDLR) en France maintenant. On a encore des gens qui perdent la vie bêtement en France. C’est fou, c’est devenu la réalité ici. »il continue, à la fois ému et en colère.
Lilian Dejean, un agent municipal de 49 ans chargé de la propreté, a été abattu dimanche 8 septembre à Grenoble. Vers 7h30, une Audi RS3 immatriculée en Pologne roulait à vive allure dans les rues de Grenoble. Ce puissant modèle a percuté une voiture arrêtée à un feu rouge. Le conducteur ivre de l’Audi a alors tenté de prendre la fuite. Alors qu’un passant tentait de le maintenir en place, Lilian Dejean est sorti de son véhicule pour lui venir en aide. Le conducteur lui a alors tiré dessus à deux reprises.
Proche de ses équipes
Ce passionné de sport laisse derrière lui deux enfants, un garçon de 8 ans et une fille de 20 ans. D’origine guadeloupéenne par sa famille paternelle, Lilian Dejean a grandi dans le quartier du village olympique de Grenoble. Il était chef d’équipe au service propreté de la mairie. Ceux qui l’ont rencontré décrivent « un gars formidable toujours prêt à aider les autres ». « C’était un nounours, un gars gentil et souriant qui avait toujours un petit mot pour faire plaisir »résume son cousin Fabrice.
Lilian Dejean était connu pour son investissement dans son travail et son engagement syndical auprès de la CGT. « J’ai rencontré Lilian lorsque j’étais élu de 2008 à 2014 (sous le mandat du maire socialiste Michel Destot, NDLR) en charge des questions de prévention de la délinquance à la ville de Grenoble. Il était très connu dans son rôle. Il était exigeant avec ses équipes mais avait une forme d’autorité naturelle. »explique Hakima Necib. « Il était très actif pour défendre la carrière des agents et demander des moyens pour les services publics. Son combat était aussi de trouver des solutions pour les jeunes. Il aimait tellement son travail qu’il a réussi à les sensibiliser pour qu’ils intègrent la fonction publique. »elle continue. « Il était proche des gens de son équipe. Je l’ai toujours vu féliciter ses coéquipiers sur les réseaux sociaux, célébrant les gens qui partaient à la retraite. »ajoute son cousin Fabrice.
« Une vie détruite »
Malgré la douleur, des voix s’élèvent aussi pour dénoncer l’insécurité à Grenoble. « J’habite à Grenoble depuis plus de trente ans. La situation sécuritaire est dramatique. La ville est infestée de trafiquants de drogue. Cette municipalité n’a jamais pris en compte ce problème. »dénonce Hakima Necib, membre du collectif citoyen « Demain Grenoble ».
La colère de l’entourage de la victime est également visible sur les réseaux sociaux. « Tu voulais aider et tu as été tué… Ce monde nous détruit et me fait de plus en plus peur »dénonce un ami de Lilian. « Je suis révoltée, écœurée par cette injustice dans ce monde dans lequel nous vivons ! Je crie de colère et de tristesse ! Voilà une autre vie détruite, une famille détruite, des enfants qui vont grandir sans leur père… Que justice soit faite ! »s’exclame un autre ami proche.« Que le fils de pute qui a fait ça le paie cher ! »tonne un ami de Lilian Dejean à propos de l’auteur des coups de feu. Ce dernier est toujours recherché à cette heure.
Un hommage devait être rendu à Lilian Dejean ce lundi après-midi à partir de 14 heures à la mairie de Grenoble.
ÉCOUTEZ NOTRE PODCAST