Le chinois Nio investit des milliards pour s’imposer dans les voitures électriques de luxe
William Li – Li Bin en chinois – sait raconter des histoires. Le fondateur de la marque automobile Nio se voit chez lui à Pékin en 2012, alors que sa femme attend leur premier enfant. Un matin, il distingue à peine le bâtiment d’en face, noyé dans la pollution atmosphérique. Alors que Tesla vient de lancer son premier modèle grand public, la Model S, l’idée lui vient de fabriquer également des voitures électriques zéro émission. Il fonde Nio en novembre 2014, et en 2016, il lance son premier modèle à Londres. Deux ans plus tard, il lance la production en série de deux autres « wattures ».
Aujourd’hui, Nio propose une gamme complète de véhicules premium vendus entre 300 000 et 500 000 yuans (38 000 à 64 000 euros, soit 25 % de plus en Europe). Au dos de chacun de ses imposants modèles, reconnaissables à leur design anguleux, est inscrite la devise de l’entreprise : « Le ciel bleu arrive » (le ciel sera bleu).
En 2024, ce n’est plus lui qui porte ça Le storytelling, cette communication narrative chère à la Silicon Valley. Ses salariés le font pour lui. Dix ans après sa création, malgré ses lourdes pertes, l’entreprise est devenue l’un des poids lourds de l’électrique en Chine. Et un symbole de ces néo-constructeurs chinois de véhicules à batterie, boostés par les fonds publics, prêts à innover tous azimuts, à dépenser sans compter pour se faire une place sur la scène automobile mondiale.
Système d’échange de batterie
Au salon de Pékin en avril, Nicolas Vincelot, devenu directeur France après plusieurs années au siège de Shanghai, n’a pas tari d’éloges. « Nous ne sommes pas une entreprise publique. Nous sommes une société privée, avec des valeurs fortes : vision, action, souci des autres et honnêteté. »« C’est une technologie qui fait la force et la singularité de Nio. C’est aussi ce qui attire les visiteurs. Une station stocke et recharge vingt-trois batteries. La voiture passe en mode autonome, un bras articulé saisit sa batterie vide et la remplace par une autre. L’opération dure trois minutes. Moins qu’un plein d’essence. »
Ce système d’échange de batteries, inédit pour l’instant, présente un autre avantage, potentiellement plus attractif encore. Dans la première Nio House, située sur l’avenue Chang’an, l’équivalent des Champs-Elysées à Pékin, où il reçoit les concessionnaires français, Nicolas Vincelot fait découvrir une batterie semi-solide, du fabricant chinois WeLion, super puissante (150 kilowattheures). « Cela représente 1 000 kilomètres d’autonomie selon les normes de calcul chinoises. »explique-t-il. Sa particularité est d’être au standard des autres batteries Nio. « Vous pouvez donc acheter un modèle avec une petite batterie pour vos déplacements quotidiens, et l’échanger contre un modèle plus puissant pour un long voyage. »explique le gérant. Selon lui, cela va dans le sens d’une consommation plus vertueuse – même si la plupart des modèles sont des SUV imposants.
Il vous reste 72.91% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.