PARIS | Après trois refus et une période de remise en question, Bruny Surin n’a pas baissé les bras et va enfin réaliser l’un de ses rêves aux Jeux Olympiques de Paris.
« Le poste de chef de mission est un grand cadeau et un rêve devenu réalité », a déclaré d’emblée l’ancien sprinteur. « J’avais ce rêve en tête depuis que j’ai pris ma retraite. Je voulais avoir l’opportunité de partager mes bonnes et mauvaises expériences avec la nouvelle génération d’athlètes. »
Le médaillé d’or du relais 4×100 m aux Jeux d’Atlanta en 1996 frappait à la porte depuis les Jeux de 2012.
« Pour les Jeux de Londres 2012, j’ai eu mon premier entretien en 2010, se souvient-il. Je me demandais ce qui se passerait si je n’étais pas sélectionné, mais Mark Tewksbury était un très bon choix et je me suis dit que j’allais être choisi en 2016 pour les Jeux de Rio. »
Le scénario ne s’est pas déroulé comme prévu. Après un troisième refus pour Tokyo, Surin s’est posé des questions. « Je me suis demandé si mon tour viendrait à un moment donné, confie-t-il. Je me suis demandé si j’avais les attributs nécessaires. Pour Tokyo, on m’a dit que la photo-finish avait été nécessaire pour déterminer le chef de mission. »
Sa patience porte ses fruits
Marnie McBean, médaillée d’or à Barcelone en 1992 en huit de pointe, a été le choix du Comité olympique canadien (COC).
« Je n’ai pas lâché et ma patience a été récompensée », résume Surin. « L’attente valait la peine avec le choix de Paris. Nous nous trouvons dans une ville francophone où j’ai connu de grands succès en tant qu’athlète au Stade de France en Diamond League par le passé. J’ai également plusieurs amis au sein du comité d’organisation français. »
Des opportunités à saisir
Son parcours pour obtenir le poste de chef de mission ressemble à son parcours d’athlète à son arrivée à Montréal à l’hiver 1975. Le garçon de sept ans originaire d’Haïti se souvient des mots de sa mère décédée il y a quelques années.
« Ma mère m’a dit que toutes les opportunités seraient là et que ce serait à moi d’aller les chercher, se souvient-il. Tous mes rêves étaient possibles, sachant que ce serait très difficile et qu’il y aurait des obstacles. Je suis parti de rien. Ma mère m’a dit qu’il n’y a pas de raccourcis dans la vie. La ligne droite est le seul chemin. De là-haut, ma mère me voit et je suis sûr qu’elle est très fière que j’aie poursuivi mon rêve. »
« Le message que je transmets aux athlètes est de ne jamais abandonner », a ajouté Surin. « Ce n’est pas facile, mais quand on réalise son rêve, c’est génial ! »
« Le rêve ultime »
En 1999, à Séville, aux Championnats du monde d’athlétisme, Surin réalise ce qui lui tient le plus à cœur. « Oui, je rêvais d’une médaille olympique, mais mon rêve ultime depuis l’âge de 17 ans était de courir plus vite que mon idole, Carl Lewis, qui avait remporté trois médailles d’or aux Jeux de Los Angeles en 1984. Tout le monde se moquait du petit gars du quartier Saint-Michel et on me disait que je rêvais en couleurs. Lors de mes conférences, je dis aux gens de rêver en couleurs. »
À Séville, Surin a remporté l’argent au 100 m avec un temps de 9,84 secondes, ce qui constitue encore aujourd’hui le record canadien, à égalité avec Donovan Bailey, qui a réalisé le même temps pour remporter l’or aux Jeux d’Atlanta.
A Paris, Surin participera à ses 10et Jeux, quatre comme athlète et quatre comme analyste; un comme ambassadeur d’une entreprise associée au COC et un autre comme chef de mission.
Nombre de médailles
Optimiste, Surin ne veut pas spéculer sur le nombre de médailles que le Canada pourrait remporter dans la Ville Lumière. « C’est une équipe géniale, illustre-t-il. C’est l’une des meilleures de l’histoire, sinon la meilleure. Je ne pourrais pas être plus heureux. »
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