Début mai, le Royaume-Uni a été le premier à autoriser Kiev à utiliser ses équipements, dont les missiles de croisière Storm Shadow, pour frapper le sol russe. Les États-Unis pourraient rapidement suivre.
Une à une, les lignes rouges imposées à l’Ukraine par ses alliés disparaissent. Depuis le début de la guerre, les pays occidentaux ont formellement interdit à Kiev d’utiliser les armes qu’ils fournissent pour frapper le territoire russe, afin de réduire les risques d’escalade face à une puissance nucléaire. Mais début mai, le Royaume-Uni a été le premier à briser cette digue, en autorisant les Ukrainiens à utiliser leurs équipements, et notamment les missiles de croisière Storm Shadow, pour frapper le sol russe. Les États-Unis pourraient rapidement suivre, selon une récente enquête du New York Times .
Vendredi 24 mai, le chef de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a emboîté le pas aux deux pays anglo-saxons, dans un entretien avec L’économiste . « Le moment est venu pour les alliés d’envisager la possibilité de lever certaines des restrictions qu’ils ont imposées sur l’utilisation des armes envoyées en Ukraine », a-t-il estimé. Notamment dans le contexte de l’offensive russe en cours autour de Kharkiv, deuxième ville du pays située à quelques dizaines de kilomètres de la frontière. « Refuser à l’Ukraine la possibilité d’utiliser ces armes contre des cibles militaires légitimes sur le territoire russe rend sa défense très difficile »a argumenté le secrétaire général de l’alliance.
Plus efficace que les drones locaux
Vendredi 17 mai, le député Modem Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, a appelé la France à également «sortir de sa réserve» et changer de position sur le sujet. « Ce changement de doctrine est parfaitement légitime dans la mesure où il met fin à l’inacceptable asymétrie entre la situation de l’agressé et celle de l’agresseur », a-t-il justifié. La France livre à l’Ukraine des missiles de croisière Scalp, une version tricolore du Storm Shadow. Ces derniers mois, l’Ukraine a principalement utilisé des drones produits localement, aux capacités limitées, pour frapper le territoire russe.
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Dans un entretien accordé le même jour à l’AFP, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a également plaidé pour que les alliés de l’Ukraine l’autorisent à utiliser les armes fournies comme bon lui semble. Il a fait valoir que ces missiles seraient utilisés comme armes défensives.
La Russie prend clairement cette menace au sérieux. Lorsque le Royaume-Uni a donné son autorisation à l’Ukraine, le Kremlin a menacé de frapper des cibles militaires britanniques. «sur le territoire de l’Ukraine et au-delà». Jeudi 23 mai, le porte-parole Dmitri Peskov a estimé qu’une décision similaire des États-Unis constituerait un « escalade ». Jens Stolteberg en est également conscient. « Nous devons éviter que cette guerre ne se transforme en conflit entre la Russie et l’OTAN en Europe »il se confie L’économiste. « Mais nous ne sommes pas directement impliqués depuis le territoire de l’OTAN dans les opérations de combat en Ukraine »il a tempéré.