Lyon – Brest : six faits de jeu litigieux décryptés par d’anciens arbitres internationaux

1 Main d’O’brien dans sa surface sur une tête de Mounié (16′) ?

Bruno Derrien : « J’ai vu des mains comme celles-là déjà sifflées, il considérait cela comme involontaire. Le ballon se dirige vers le but. Il aurait fallu au moins voir les images pour que tout le monde comprenne. Si le penalty avait été sifflé, il ne m’aurait pas touché mais les mains sont très compliquées à juger aujourd’hui.

Saïd Ennjimi : « Ce penalty me semble devoir être sifflé, car le bras est détaché du corps et de nombreux penaltys ont déjà été sifflés pour ces mêmes phases de jeu. Si on a déjà sifflé des fautes de main de cet acabit, il faut continuer. Ce qui me dérange, c’est ce manque de recherche d’uniformité qui se concrétise chaque week-end.

2 Lacazette hors-jeu sur le coup franc accordé à Lyon pour ouvrir le score (18′) ?

BD « Je ne l’ai pas vu, je ne peux pas le dire ».

SE « Je ne peux pas vous dire s’il y a hors-jeu. Le Var a forcément des images mais ils ont dû les inviter pour ne pas confirmer cette position de hors-jeu. Mais ces images doivent être partagées avec le grand public, ce n’est pas possible de continuer ainsi car par définition, les gens s’interrogent. C’est totalement opaque.

3 Carton rouge pour Caqueret pour une semelle sur Del Castillo (45+2′) ?

BD « Là, il fait une connerie. Caqueret doit prendre une boîte, elle est orange. Il y a un manque de lucidité dans cette action.»

SE « Quand malheureusement on est perdu, et je l’ai été assez souvent dans ma carrière, on s’en sort. Naturellement, il aurait dû y avoir une faute et au moins un carton jaune.

4 Main de Matic sur une frappe de Magnetti qui offre un coup franc à Brest, transformé par Del Castillo (64′) ?

BD « Matic détourne le ballon avec son coude, parfois c’est aussi une stratégie. Il a raison de siffler, c’était très bien arbitré car ce n’était pas évident à voir.

SE « Le coude est complètement collé au corps et le joueur, dans son extension, se retourne un peu. Matic a une position tout à fait naturelle. Nous n’avons jamais vu de fautes de main ainsi prononcées.

5 Carton jaune et exclusion de Pierre Lees-Melou (86′) ?

BD « Lees-Melou est au sol et Tagliafico le récupère, il n’a pas besoin de le toucher. Ce n’est pas très bien géré par l’arbitre.

SE « À un certain niveau d’expérience, on ne se jette pas dans une situation conflictuelle, on attend et on s’éloigne. Pour que Lees-Melou, qui semble-t-il n’avoir pas fait grand-chose, ne soit pas puni, ni ne provoque aucune forme d’injustice. Il n’aurait pas dû l’exclure.

6 Penalty pour Lyon et simple carton jaune pour Bizot (90+11′) ?

BD « La faute de Bizot est incontestable mais un arbitre qui a sa lucidité le voit et le siffle directement (M. Vernice est allé consulter le Var sur cette action). Mais pour moi, il n’y a pas de carton rouge, le jaune est cohérent. J’ai vu que cet acte de jeu avait été comparé par Jean-Michel Aulas à l’agression d’Harald Schumacher. Pour moi, ce n’en fait pas partie. Bizot ne se désintéresse pas du ballon.

SE « Non seulement le penalty de Lyon est logique, mais il y a aussi un carton rouge à donner au gardien. »

« M. Vernice n’aurait pas dû être là »
A 30 ans, Mathieu Vernice a réussi dimanche soir son onzième match de Ligue 1 de la saison, mais le premier avec un tel enjeu. Abandonné par le Var, il va désormais devoir se relever de son désastre mais pour Bruno Derrien, « sur une telle affiche, pourquoi n’est-ce pas un arbitre international qui a été désigné ? Je pense que pour Brest – Monaco, ils donneront une pointure. Et puis pour dépassionner tout ça, pourquoi ne pas pratiquer les échanges avec des arbitres étrangers ? » A son tour, Saïd Ennjimi remet en question la nomination de Mathieu Vernice pour une rencontre entre deux équipes aux ambitions européennes : « Arbitrer jeune est loin d’être facile dans un match de ce niveau. Je ne cible pas les arbitres mais le système doit les protéger et il vaut mieux envoyer des personnes très expérimentées sur ces matches. Pour Ennjimi, « M. Vernice n’a rien à voir là-dedans, il n’aurait pas dû finir là. Les arbitres ne font pas grand chose, ils essaient d’appliquer ce qu’on leur demande et j’ai l’impression qu’il n’y a plus de pilote dans l’avion. Ils sont toujours entre le marteau et l’enclume, avec les clubs d’un côté et leur direction de l’autre. Nos arbitres sont aussi robotisés, ils ont peur du Var. Le système ne fonctionne pas, il y a aussi des querelles internes. On ne peut donc pas demander à ceux qui mettent le système en pratique d’être efficaces… »