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Le chef de l’Etat annonce que la prochaine élection présidentielle aura lieu en octobre

Le président tunisien Kais Saied (au centre) à Washington, DC, le 14 décembre 2022.

Une élection présidentielle aura lieu en Tunisie le 6 octobre 2024, a annoncé, mardi 2 juillet, le chef de l’Etat, Kaïs Saïed, au pouvoir depuis 2019 et dont le mandat de cinq ans s’achève à l’automne. M. Saïed, 66 ans, qui s’est octroyé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021, ébranlant la jeune démocratie tunisienne née de la première révolte du « Printemps arabe », n’a pas annoncé s’il briguerait un nouveau mandat.

« Le Président de la République a pris un décret aujourd’hui, 2 juillet 2024, convoquant les électeurs à une élection présidentielle le dimanche 6 octobre 2024. »a déclaré la présidence dans un communiqué.

Démocratiquement élu en octobre 2019, M. Saïed a limogé le Premier ministre en juillet 2021 et gelé le Parlement avant de le dissoudre après plusieurs mois de blocage politique. Il a fait adopter par référendum une nouvelle Constitution à l’été 2022, instaurant un système composé de deux chambres aux pouvoirs très limités : l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et un Conseil national des régions et des districts. Cette révision constitutionnelle a fait passer la Tunisie d’un régime parlementaire à un système ultra-présidentialiste qui, selon ses détracteurs, confirme la dérive autoritaire de M. Saïed.

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Depuis le printemps 2023, les principaux opposants sont emprisonnés, dont le chef du parti islamiste conservateur Ennahda, Rached Ghannouchi, et la présidente du Parti destourien libre, Abir Moussi, nostalgique des dictatures du héros de l’indépendance Habib Bourguiba et de Zine El-Abidine Ben Ali, renversé en janvier 2011.

Grave crise politique et autoritarisme

Depuis son coup d’État, Kaïs Saïed dirige le pays par décrets. À plusieurs reprises ces derniers mois, il a ordonné le limogeage de plusieurs ministres et hauts fonctionnaires.

Depuis février, une vingtaine d’opposants et de personnalités ont été emprisonnés et sont « accusé de complot contre la sécurité de l’État » et le président les a appelés « les terroristes »Des ONG, dont Amnesty International, ont dénoncé « une chasse aux sorcières à motivation politique ».

Ennahda, la bête noire de M. Saied, a dominé les coalitions des dix années qui ont suivi la révolution démocratique de 2011 contre la dictature de Ben Ali.

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La grave crise politique que traverse la Tunisie depuis le coup d’Etat de juillet 2021 s’accompagne de graves difficultés économiques avec une croissance atone (autour de 2%), un taux de pauvreté en hausse et un chômage très élevé (15% de la population active).

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Le pays est, avec la Libye, l’un des principaux points de départ des migrants qui risquent de périlleuses traversées en Méditerranée dans l’espoir de rejoindre l’Europe. Depuis un discours xénophobe de M. Saïed en février 2023, des milliers de ressortissants d’Afrique subsaharienne en séjour irrégulier en Tunisie ont perdu leur logement et leur emploi, la plupart informel.

En mai, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a dénoncé « intimidation et harcèlement » victimes en Tunisie d’avocats et de membres des médias critiques envers le gouvernement et sa politique migratoire.

Le Monde avec l’AFP

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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