FÉLIX GOLESI / AFP
Le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle déployé sous l’égide de l’OTAN pour la mission « Akila » (Photo prise le 12 août 2004 au large de Toulon du porte-avions Charles de Gaulle participant à la répétition d’une revue navale)
OTAN – L’aigle s’envole du nid. La mission de l’OTAN Akilace qui signifie » aigle « en roumain, débute ce lundi 22 avril pour environ six semaines en Méditerranée. Le groupe porte-avions, composé notamment du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle qui se remet de huit mois de travaux, appareillera de Toulon avec au moins 3 000 marins à son bord.
Mais, fait sans précédent, il sera engagé pendant deux semaines sous le commandement de l’OTAN. Un symbole de l’engagement renforcé de Paris au sein de l’Alliance atlantique vis-à-vis de la Russie. L’annonce de cette opération très particulière avait créé une polémique au sein de certaines formations politiques défiantes à l’Otan. » Tristesse, vassalisation affichée», Jean-Luc Mélenchon, leader de la France insoumise, a commenté X.
« La France ne perd jamais le commandement de ses forces placées sous pavillon de l’OTAN. Nous sommes souverains. Notre porte-avions sera le fer de lance de cette mission menée avec nos alliés »», a répondu agacé le ministre des Armées Sébastien Lecornu.
XVe OTAN en Méditerranée
Ce n’est pas la première fois que le porte-avions participe aux exercices et opérations de l’OTAN, mais jusqu’à présent, il était toujours sous contrôle national. Cette fois, le vaisseau amiral de la marine française opérera du 26 avril au 10 mai sous la supervision de StrikforNato, l’un des quartiers généraux tactiques de l’Otan. Basée au Portugal près de Lisbonne et spécialisée dans les opérations en Méditerranée, elle est sous le commandement d’un amiral américain, également commandant de la Sixième Flotte des Etats-Unis, expliquent nos confrères de Monde.
« C’est la première fois que le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle et l’ensemble de son escorte, dont un sous-marin nucléaire d’attaque, sont placés sous le contrôle opérationnel de l’OTAN depuis 15 jours »souligne auprès de l’AFP le vice-amiral français Didier Maleterre, numéro deux du commandement maritime de l’Otan.
Le Charles-de-Gaulle ne sera pas seul pour cette mission puisqu’il rejoint d’autres navires, américains, grecs, espagnols, italiens et portugais. En tout, quinze nations seront représentées. Avant lui, les États-Unis avaient déjà placé un de leurs porte-avions sous contrôle opérationnel de l’Otan en 2022, pour la première fois depuis la guerre froide, tandis que les Britanniques l’ont fait en 2023.
Améliorez-vous avec les alliés
Concrètement, même si le porte-avions est sous commandement de l’OTAN, cela ne veut pas dire que les marins français seront remplacés par des marins étrangers et que le navire sera confié à l’Alliance. Cela signifie simplement que ce sont ces derniers qui décideront des actions tactiques à entreprendre.
« Ce détachement est un moyen d’apporter une signalisation stratégique à l’OTAN, mais c’est aussi une réelle recherche d’interopérabilité avec les alliés »décrypte pour Le monde Héloïse Fayet, chercheuse à l’Institut français des relations internationales.
La mission permettra à la France » rentrer dans le rang en nous mettant au même niveau que nos alliés. Nous apprendrons aussi beaucoup”a estimé le commandant du groupe aéronaval français, le contre-amiral Jacques Mallard.
Mais pour ceux qui s’inquiètent de cette collaboration étroite entre le fleuron de la marine française et l’Otan, le vice-amiral français Didier Maleterre assure que « à tout moment nous pouvons récupérer le mandat, et en un claquement de doigts récupérer le commandement national lors des opérations si nécessaire ».
Retrouver sa crédibilité et envoyer un message à la Russie
Cette mission Akila est une activité de vigilance opérationnelle qui vise à « renforcer la posture défensive et dissuasive de l’OTAN, contribuer à la sécurité collective et soutenir les opérations visant à promouvoir la stabilité régionale »explique le ministère de la Défense sur son site.
Sur le plan diplomatique, cette mission « est un message aux Russes. Face à la menace grandissante, l’efficacité collective prime. », commente auprès de l’AFP Pascal Ausseur, directeur général de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques. Dans le même temps, la France a récemment multiplié les déclarations fortes à l’égard de Moscou, Emmanuel Macron ayant notamment appelé mi-mars à un « défaite de la Russie.
« Il y a un tournant assez important dans l’approche française, souligne Robert Pszczel, ancien responsable de l’Otan et chercheur au Centre d’études orientales. A Bruxelles, les alliés suivent tout cela de très près, et plus il y aura de gestes concrets comme celui-ci, plus forte sera leur perception d’un changement français crédible. »
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