Le cercueil du poète Joachim du Bellay retrouvé sous Notre-Dame ?
Heureux comme un anthropologue qui résout un mystère de plus de 600 ans, Eric Crubézy a attendu la fin de sa conférence de presse pour dévoiler, avec le sourire, l’incroyable découverte de ses équipes.
Le directeur de l’institut médico-légal du CHU de Toulouse a présenté, mardi, les résultats des quatorze fouilles menées par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) à l’occasion des travaux de restauration de Notre-Dame-de-Paris, en 2022. Dont, au carrefour des nefs de la cathédrale, deux sarcophages en plomb, à formes humaines.
Sur l’une d’elles, une épitaphe a permis d’identifier le chanoine Antoine de La Porte (1627-1710). Mais l’identité de la seconde restait un mystère. C’est alors que les archéologues ont transmis la sépulture à l’institut médico-légal du CHU de Toulouse.
Un jeu passionnant de « Qui est-ce ? »
Comme l’explique leur chef, les scientifiques se sont alors lancés dans une passionnante chasse aux indices détectés sur le squelette. D’abord, le défunt devait être âgé d’une trentaine d’années. La déformation de l’os coxal (partie du bassin) indique qu’il montait à cheval. Le crâne scié et le sternum fracturé témoignent d’une autopsie pratiquée avant l’embaumement.
Mais la partie de Qui est-ce ? La maladie a pu prendre fin lorsque l’institut médico-légal a découvert sur les os des traces de tuberculose cervicale qui avaient entraîné une méningite chronique. Pathologie extrêmement rare, dont souffrait Joachim du Bellay.
Le poète de la Pléiade, né à Liré, en Anjou, en 1522 et mort à Paris 37 ans plus tard, était aussi « un cavalier distingué », a déclaré Eric Crubézy. « Il est allé de Paris à Rome à cheval, ce qui n’est pas une mince affaire quand on est atteint de tuberculose comme lui. » Pour corroborer leur thèse, les scientifiques ont également fouillé dans la correspondance de l’auteur. Regrets et a conservé des références à sa surdité et à ses maux de tête. Deux signes de méningite chronique, dont souffrait également le squelette autopsié, a assuré l’anthropologue.
« Il y a encore des doutes »
Dernier élément corroborant l’hypothèse du scientifique : en 1560, la famille de Joachim du Bellay avait demandé qu’il soit enterré dans la chapelle Saint-Crépin de Notre-Dame. Sauf qu’en 1758, lors de travaux, sa tombe n’a pas été retrouvée. L’idée d’Eric Crubézy est qu’il a été placé à la croisée du transept de manière temporaire, devenue définitive.
« Il y a encore des doutes »Mais Christophe Besnier, l’un des responsables des fouilles de Notre-Dame, a tenu à nuancer. Car selon lui, une incohérence a été révélée par « l’analyse des isotopes » qui « montre qu’on a affaire à une personne ayant vécu en région parisienne ou en région Rhône-Alpes jusqu’à ses dix ans », et non dans le petit village du poète au doux style angevin. L’archéologue espère de nouvelles informations pour aider à identifier, ou non, Joachim du Bellay. Dont une analyse qui permettrait de préciser son âge à l’année près.
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