L’Anses tire la sonnette d’alarme sur la toxicité reproductive
L’Agence nationale de sécurité sanitaire s’appuie sur une série d’études menées chez l’animal. Chez les rongeurs, les chercheurs ont mis en évidence des effets significatifs du CBD sur la fertilité, le développement du fœtus et la santé postnatale.
Les données montrent :
- Une altération de la spermatogenèse
- Une augmentation de la mortalité périnatale
- Des troubles du développement neurologique
- Un retard de croissance intra-utérine
Ces observations ont conduit l’Anses à recommander une classification du CBD en catégorie 1B, c’est-à-dire “présumé toxique pour la reproduction humaine”, avec les mentions de danger :
- H360FD : Peut nuire à la fertilité. Peut nuire au fœtus.
- H362 : Peut être nocif pour les bébés nourris au lait maternel.
Une étape clé dans le processus européen
Le dossier de l’Anses a été transmis à l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA). Une consultation publique est en cours jusqu’au 16 mai 2025, ouverte aux chercheurs, industriels et associations. Elle permettra de recueillir des données complémentaires avant une éventuelle décision d’application à l’échelle européenne.
Si cette classification est adoptée, elle impliquera :
- Un étiquetage renforcé pour les produits contenant du CBD
- Des contraintes réglementaires pour son usage dans les cosmétiques, aliments et compléments
- Une révision des allégations marketing utilisées actuellement
Une molécule mal encadrée, largement consommée
La notoriété du CBD repose sur son image naturelle, non psychotrope, et déstressante. Pourtant, ses effets réels sur la santé humaine restent partiellement documentés, notamment en ce qui concerne les expositions prolongées, les doses élevées ou les populations sensibles.
En France comme dans plusieurs pays européens, le statut réglementaire du CBD reste flou, en particulier dans les produits alimentaires et les compléments. Or, de nombreux produits sont vendus sans validation scientifique complète, échappant aux exigences du règlement Novel Food de l’UE.
Seniors, femmes enceintes, patients sous traitement : les plus à risque
Les utilisateurs réguliers de CBD sont souvent des personnes en situation de vulnérabilité : seniors cherchant à soulager des douleurs chroniques, femmes enceintes en quête d’alternatives naturelles, ou patients anxieux ou sous traitement lourd.
Mais ces mêmes populations sont plus exposées aux risques d’interactions, de perturbations hormonales ou de toxicité hépatique. C’est pourquoi l’Anses recommande d’ores et déjà la prudence, voire l’abstention, en particulier chez les femmes enceintes, allaitantes ou en âge de procréer.
Tableau explicatif : ce que dit l’Anses sur les risques du CBD
Effet observé (chez l’animal) | Type d’étude | Conséquence possible chez l’humain |
---|---|---|
Altération de la fertilité (mâle/femelle) | Études sur rongeurs | Risque de baisse de fertilité ou de troubles hormonaux |
Retard de croissance fœtale | Études in vivo | Ralentissement du développement intra-utérin |
Troubles du neurodéveloppement | Données postnatales animales | Risques pour le cerveau en développement (notamment in utero) |
Toxicité hépatique | Études chroniques | Interactions avec traitements médicaux, atteintes hépatiques |
La proposition de l’Anses pourrait marquer un changement de paradigme. Si elle est validée par l’ECHA, elle ouvrira la voie à un encadrement plus strict du CBD en Europe et à un meilleur contrôle des produits mis sur le marché.
Mais au-delà des régulations, cette alerte pose une question fondamentale : peut-on encore considérer le CBD comme une molécule « inoffensive » ? La réponse, aujourd’hui, est loin d’être tranchée.
En attendant les conclusions définitives, la prudence s’impose, notamment pour les consommateurs les plus fragiles. Et comme toujours en matière de santé, “naturel” ne signifie pas “sans danger”.
Source : 60 millions de consommateurs – Mai 2025