le calendrier fixant leur interdiction progressive ne sera pas tenu, selon les sénateurs
Faut-il revoir le calendrier fixé par la loi Climat concernant les crépines thermiques ? C’est en substance ce qui ressort de la mission d’information sur la crise du logement, dont les conclusions ont été dévoilées ce mardi.
Pour rappel, selon cette loi promulguée à l’été 2021, il est progressivement interdit aux propriétaires de logements énergivores de louer leur bien afin de les inciter à entreprendre des travaux de rénovation. Cette interdiction s’applique depuis le 1er janvier 2023 aux logements classés G+ dans le diagnostic de performance énergétique (DPE) et s’étendra aux logements classés G en 2025, avant F en 2028 et E en 2034.
» Inévitable «
Les rapporteurs de la mission, les sénateurs Viviane Artigalas (PS), Dominique Estrosi-Sassone (LR) et Amel Gacquerre (UDI), estiment qu’il « semble inévitable » de reporter cette interdiction à 2028 pour les logements classés G, » sans abandonner nos ambitions en matière de rénovation »précisent-ils.
« Il est désormais évident que le calendrier de la loi Climat et Résilience ne pourra être respecté et fait peser un risque important de voir environ 18 % des logements locatifs quitter le marché. » ils justifient.
Les parlementaires reprennent ainsi les revendications des organisations patronales, pour qui l’entrée en vigueur de ces mesures risque de réduire le logement disponible et d’aggraver encore la crise du logement.
Selon une enquête SeLoger publiée fin mars, le nombre de locations de passoires thermiques a en effet diminué depuis l’application de la loi climat. Il apparaît ainsi que près d’un quart (22,8%) des passoires thermiques ne sont plus disponibles à la location, leur part du marché locatif passant de 13,5% en 2021 à 10,5% en 2024. Cette baisse s’explique par les travaux réalisés par un quart des propriétaires propriétaires, mais aussi par le choix, pour un tiers des propriétaires ayant vendu leur bien en 2023, de s’en séparer en raison d’un mauvais DPE et du souhait de ne pas réaliser les travaux.
Liste d’idées
Les rapporteurs énumèrent également une série de recommandations pour endiguer la crise du logement. Ils appellent donc au retour de nombreuses mesures d’économies soutenues par Bercy, comme le recentrage du prêt à taux zéro, qu’ils demandent au contraire à renforcer.
L’exonération des droits de succession pour l’achat de logements neufs, une demande de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), est également proposée comme mesure urgente pour relancer une production atone. Les derniers chiffres montrent que le nombre de permis de construire autorisés a atteint en mars son plus bas niveau depuis plus de 30 ans, avec 358.600 autorisations de construire sur un an, soit une baisse de 19,8%.
Les parlementaires demandent également un financement exceptionnel aux bailleurs sociaux afin de relancer la production des HLM, dénonçant « le canif souffle » apporté à leur financement sous la présidence d’Emmanuel Macron.
Certaines de leurs propositions sont néanmoins contenues dans des textes qui seront prochainement examinés au Parlement. Comme la simplification des règles de transformation des bureaux en logements, ou la réforme de la fiscalité locative pour créer un « statut du bailleur privé ».
Enfin, les rapporteurs appellent à une réforme des règles du Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) afin d’encourager l’octroi de prêts immobiliers. Une recommandation qui a peu de chance de se concrétiser puisque l’Assemblée nationale l’a enterrée ce lundi : la proposition de réforme, débattue dans l’hémicycle, a été retirée par son auteur. Le député Renaissance Lionel Causse a en effet estimé que les amendements adoptés avaient trop déformé son texte.
(Avec l’AFP)