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Le CAC40 face au risque politique

Contre toute attente, le NUPES (alliance de gauche), qui semblait éclaté depuis plusieurs mois, est parvenu à s’entendre sur un programme commun et s’est rebaptisé Nouveau Front Populaire (NFP). A l’inverse, Eric Ciotti, le président des Républicains (parti traditionnel de droite) s’est allié au RN, contre l’avis de son propre camp, ce qui lui a valu l’ostracisme de son parti.

C’est dans ce contexte que 33 millions d’électeurs se sont déplacés dimanche dernier pour voter aux élections législatives françaises. Il s’agit du taux de participation le plus élevé pour une élection parlementaire depuis 1997. Par rapport aux élections de 2022, les tranches d’âge qui ont connu la plus forte hausse de participation sont celles des 18-24 ans (+124%) et des 25-34 ans (+60%). Ce sont également les deux seules tranches d’âge qui ont voté massivement pour le NFP.

Bien que le RN soit arrivé en tête dans la plupart des 577 circonscriptions, ce premier tour des législatives a mis en lumière une France plus que jamais divisée politiquement avec l’émergence d’environ 300 scrutins à trois (pour rappel, un scrutin à trois est la situation dans laquelle trois députés accèdent au second tour parce qu’ils recueillent plus de 12,5% des voix des inscrits sur les listes électorales). Dans la grande majorité des cas, cette course à trois implique un candidat du RN classé premier lors des suffrages, puis un candidat du NFP et de Renaissance (parti de la majorité présidentielle) qui alternent entre la deuxième et la troisième place.

Le principal enjeu du second tour est donc de comprendre les tactiques des différents partis pour obtenir une majorité à l’assemblée, ou du moins, empêcher le RN d’obtenir la sienne.

LE RÉSULTAT POTENTIEL D’UN BARRAGE À TROU

Si la victoire du RN, parti classé d’extrême droite, n’est pas inédite dans les élections françaises, c’est la première fois qu’il se rapproche autant du pouvoir. C’est pourquoi, jusqu’à présent, pour empêcher le RN d’accéder à Matignon, les autres partis formaient tous un front uni contre ce qu’ils considéraient comme une menace aux valeurs républicaines et démocratiques. Mais ils sont désormais confrontés à une fracture idéologique qui pèse sur leur capacité à s’unir pour mettre en place l’habituelle « barrière à l’extrême droite ».

Quelles perspectives peut-on entrevoir pour le second tour ? La stratégie proclamée par les centristes et l’alliance de gauche est celle d’un retrait réciproque dans les circonscriptions où leur candidat serait arrivé en troisième position, évitant de disperser les voix dans une configuration triangulaire. Cela priverait le RN d’une majorité absolue au parlement, qui serait alors composé d’une majorité relative RN et de multiples groupes d’opposition fortement minoritaires. Dans un tel scénario, le président serait potentiellement contraint de former un gouvernement « technique », responsable des affaires courantes mais incapable de mener à bien des réformes structurelles majeures.

Toutefois, deux paramètres doivent être pris en compte conjointement. D’abord, la coalition présidentielle a laissé entendre qu’elle ne retirerait aucun candidat de La France Insoumise (LFI), qui représente près de la moitié des candidats du NFP qualifiés pour le second tour. Deuxièmement, le NFP a annoncé qu’il n’était prêt à se retirer que s’il arrivait en troisième position. Cela signifierait que des scrutins à trois seraient logiquement inévitables et en faveur du RN, ouvrant potentiellement la porte à notre deuxième hypothèse : l’obtention par le RN d’une majorité absolue.

QUELLES SONT LES CONSÉQUENCES POUR LES MARCHÉS ?

Bien que nous puissions distinguer deux grands scénarios pour le second tour, ils partagent en réalité des résultats similaires. Le premier cas conduirait à la formation d’un gouvernement technique et donc, par nature, incapable d’entreprendre les grands projets législatifs nécessaires pour revenir sur la voie de la réduction du déficit conformément aux règles budgétaires européennes.La paralysie de l’Assemblée pourrait être un facteur suffisant pour que les agences de notation abaissent la qualité de la dette française, ce qui fragiliserait l’environnement de taux et par extension les marchés boursiers.

Cette situation pourrait avoir un impact direct sur l’indice phare de l’économie française, le CAC 40. Toutefois, sur le plan technique, le cours se situe déjà sur un support majeur correspondant au retracement de 50% de la dernière impulsion haussière à l’échelle hebdomadaire, soit 7 517,7 points. Si ce seuil venait à être franchi, une reprise de la tendance serait encore possible jusqu’au retracement de 61,8%, soit 7.339,8 points, au-delà duquel les acheteurs pourraient finalement capituler.

Dans le second cas, la conséquence serait aussi une instabilité politique influençant la cote, car le président de la République pourrait vouloir prononcer une nouvelle dissolution en cas de majorité absolue du RN. Cela laisserait cependant au parti une petite année pour réaliser partiellement un programme largement critiqué comme cause d’aggravation de la dette publique, ce qui serait un facteur supplémentaire d’augmentation de la prime de risque exigée par les créanciers au gouvernement français.

Le CAC 40 pourrait alors franchir sa zone de support, ou ne pas réagir immédiatement à la baisse et marquer une courte reprise haussière, permettant alors aux vendeurs de matérialiser leur conviction directionnelle avec une prime. Qu’une reprise soit observée ou non, une zone de retracement plus large se situe entre 6 638,1 et 6 950,1 points.

Pour éviter de se rapprocher dangereusement d’une crise de la dette, la seule issue serait paradoxalement que le président établisse un gouvernement minoritaire à l’Assemblée et gouverne en 49.3 ou qu’il se gouverne lui-même en application de l’article 16 de la Constitution (conférant les pleins pouvoirs au président de la République), ce qui serait un gage de stabilité politique mais comporte une implication démocratique largement impopulaire. Mais c’est là encore un pari risqué, avec pour le chef de l’État un risque de motion de censure de son gouvernement ou de destitution pour lui-même.


Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.

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