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Le Burkina Faso suspend la diffusion de TV5 Monde, dénonçant des « accusations infondées » contre l’armée

Après plusieurs décisions visant des médias étrangers, la chaîne de télévision TV5 Monde a été à son tour sanctionnée pour avoir diffusé un reportage mettant en cause l’armée burkinabè.

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Photos du président de transition du Burkina Faso, Ibrahim Traoré.  (OLYMPIE DE MAISMONT / AFP)

C’est un rapport de l’ONG Human Rights Watch qui a déclenché les sanctions. Un rapport relayé par de nombreux médias internationaux et qui accuse l’armée burkinabè de tueries. Après la BBC et Voix de l’Amérique, la diffusion de TV5 Monde est suspendue « jusqu’à nouvel ordre » au Burkina Faso. Les sites de la radio internationale allemande Deutsche Welle, des grands quotidiens français Ouest-France et Le mondedu quotidien britannique Le gardienle portail d’information africain Apanews et le site de l’agence d’information économique AgenceEcoFin, basée en Suisse et au Cameroun, sont également interdits pour le moment.

Dans son rapport, l’ONG désigne directement l’armée burkinabè, qu’elle accuse d’avoir tué 223 villageois dont au moins 56 enfants dans deux villages le 25 février. Les événements se seraient déroulés dans les villages de Nondin et Soro, situés au nord du pays. du pays, dans le district de Thiou.

L’ONG réclame une enquête indépendante

Précision importante, car c’est un lieu perdu près de la frontière avec le Mali, où les populations sont maltraitées entre, d’un côté, les jihadistes qui les menacent et, de l’autre côté, les militaires qui se sentent trahis par ces mêmes populations et les accusent. de coopérer avec l’ennemi. C’est cet impossible jeu de ping-pong qui conduit à des meurtres qui peuvent être imputés soit aux militaires, soit aux terroristes.

Dans cette affaire, tous les témoignages recueillis par Human Rights Watch semblent pointer du doigt les autorités burkinabè. L’ONG explique avoir contacté 23 personnes, dont 14 témoins de la tuerie, et demande l’ouverture d’une enquête approfondie sur ces massacres, menée avec l’Union africaine, mais aussi avec les Nations Unies afin de garantir son indépendance et impartialité. .

Un nouveau durcissement des autorités

Depuis une semaine, tous les médias qui ont relayé ce reportage et qui sont diffusés dans le pays ont été interdits d’émettre. Ce fut le cas de la BBC, Voix de l’Amérique, puis TV5 Monde et plusieurs sites d’information étrangers, jusqu’à nouvel ordre. Cette décision dénote un nouveau durcissement des autorités burkinabè qui, depuis plus d’un an et demi, continuent de se fermer au reste du monde.

Vous le savez, le Burkina Faso est dirigé depuis 2022 par un régime militaire issu de deux coups d’État, l’un en janvier, l’autre en septembre. Le pays a suivi le chemin du Mali voisin, avant d’être rejoint par le Niger. Depuis que la junte militaire a pris le pouvoir, elle s’est repliée sur elle-même. Cela s’est traduit par le départ de la France et de ses soldats, et par la censure des chaînes et sites d’information français, comme RFI, LCI, Le monde ou Libérer. Il n’existe plus de liaison aérienne directe entre Paris et Ouagadougou.

Il s’avère que la junte au pouvoir enferme le pays dans une dictature. Aujourd’hui, il n’est plus possible d’appeler certaines personnes au Burkina pour réaliser des entretiens, les gens ne veulent plus parler par peur des militaires, peur d’être arrêtés, emprisonnés, voire tués. Le pays est véritablement en train de sombrer. Et le bilan est formidable : on parle de 20 000 morts et de plus de deux millions de déplacés internes. Personne au Burkina Faso n’est épargné par ces violences qui touchent de près tous les habitants.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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