Avec les trois quarts des câbles de télécommunications sous-marins de l’hémisphère nord passant par sa zone économique exclusive (ZEE), l’Irlande présente un intérêt particulier pour les navires et sous-marins de « recherche » russes. Cela signifie qu’elle est considérée comme un point faible pour les pays occidentaux, d’autant plus qu’elle a négligé ses forces armées pendant des années, en ne leur allouant que des budgets affamés (de l’ordre de 0,2% du PIB).
Ils n’ont ainsi aucun moyen de surveiller les approches aériennes et maritimes irlandaises… Et ils doivent s’en remettre à leurs homologues britanniques au cas où une intervention s’avérerait nécessaire, Dublin et Londres ayant scellé un « pacte secret » à cet effet.
Cela dit, la guerre en Ukraine aura marqué un tournant. Au-delà du débat sur la neutralité, certains à Dublin ont en effet pris conscience qu’il fallait reprendre en main la défense de l’île, pour pouvoir faire face aux activités de la Russie (mais aussi à celles de la Chine) tout en prenant compte de la menace terroriste. La Commission des forces de défense a donc appelé à une augmentation des dépenses militaires du pays de 200 % à court terme, afin de compenser les déficits de capacités les plus criants.
Mais cette montée en puissance prendra du temps… En effet, le 1er octobre, le ministre irlandais de la Défense, Micheál Martin, a annoncé qu’il disposerait d’un budget de 1,35 milliard d’euros en 2025 (soit + 100 millions par rapport à 2024). Un montant « record », selon lui.
« L’allocation record de 1,35 milliard d’euros dans le budget 2025 démontre l’engagement de ce gouvernement en faveur de la Défense et de ceux qui servent notre État. Ce financement facilitera la poursuite des investissements dans nos capacités de défense tout en permettant des progrès cruciaux dans la modernisation des forces de défense », a soutenu M. Martin.
Dans le détail, cette enveloppe permettra notamment d’acquérir un radar de surveillance aérienne (les forces irlandaises n’en disposent pas actuellement) et un avion de transport C295W, celui-ci venant s’ajouter aux deux C-295 MPA dédiés à la patrouille maritime. .
Selon The Irish Times, le radar de surveillance en question devrait coûter plus de 250 millions d’euros. « Il s’agit d’un projet complexe, qui s’étendra sur plusieurs années », a-t-il déclaré. Il a ajouté : « Une fois terminé, les forces de défense seront en mesure de détecter les avions non autorisés dans l’espace aérien irlandais, y compris les petits avions privés utilisés par des gangs criminels pour faire passer de la drogue en contrebande. »
« Ce niveau d’investissement est essentiel dans la situation géopolitique actuelle », a souligné le ministère irlandais de la Défense.
Il n’est pas sûr que tout le monde à Dublin soit du même avis. En tout cas, c’est clairement insuffisant pour permettre à l’Irish Air Corps de se préparer à mettre en place une escadrille d’avions de combat, comme cela a été proposé en 2020. Par ailleurs, cette question ne sera pas examinée avant 2028, année où le budget de la Défense devrait s’élever à 1,5 milliard d’euros, selon les projections du gouvernement irlandais.
