Après deux années de dérapages spectaculaires des comptes publics, d’erreurs de prévision et peut-être d’une dose de tromperie, le budget 2025 préparé en deux semaines par Michel Barnier est-il cette fois crédible ? Sincère ? Premier à examiner la copie du gouvernement, le Haut Conseil des finances publiques a rendu jeudi 10 octobre un avis mitigé.
Selon cette instance, qui dépend de la Cour des comptes, les objectifs affichés par le nouveau Premier ministre ne semblent pas déraisonnables ou incohérents, comme ont pu l’être ceux des gouvernements précédents. Cependant, de nombreuses hypothèses demeurent « optimiste », et la prévision de déficit global est jugée » fragile « . En clair, réduire ce déficit public à 5 % du produit intérieur brut (PIB) en un an, comme le souhaite l’exécutif, s’annonce très compliqué, sans paraître totalement impossible. « Il y a plus de raisons que les années précédentes, aucune prudence pour l’instant », résume Pierre Moscovici, le président du Conseil supérieur des finances publiques et de la Cour des comptes.
Construire son budget sur des prévisions favorables afin d’alléger les contraintes initiales est un grand classique. Mais cela peut conduire au pire, comme pour le budget 2024. Lors de sa présentation par Bruno Le Maire, alors ministre de l’Économie, en septembre 2023, le déficit de l’État, des collectivités et de la Sécurité sociale devrait ainsi être ramené à 4,4 % du PIB. En réalité, les hypothèses initiales plutôt irréalistes, notamment en matière de recettes fiscales et de dépenses publiques, ne se sont pas concrétisées. Résultat : le déficit s’est élevé à 6,1% fin décembre, selon les dernières prévisions. Un écart gigantesque, de l’ordre de 52 milliards d’euros. Avec la menace de mauvaises surprises supplémentaires d’ici la fin de l’année.
Le bilan de la croissance « un peu élevé »
La prévision de déficit pour 2024 reste donc « affecté par une incertitude non négligeable », glisse le Haut Conseil dans son avis, regrettant que, depuis l’alerte rouge de cet été, l’exécutif ne se soit pas lancé « des mesures de freinage plus efficaces ». Faute de majorité à l’Assemblée nationale, Michel Barnier a notamment renoncé à proposer une loi de finances rectificative pour 2024, qui aurait permis d’augmenter immédiatement certains impôts ou d’annuler certaines dépenses.
Pour 2025, le scénario macroéconomique retenu par le gouvernement « est généralement fragile », car elle repose une fois de plus sur de nombreuses hypothèses optimistes, constate le Haut Conseil. Inflation? Attendu à 1,8% en 2025, il « cela semble un peu élevé compte tenu de l’ampleur du mouvement de désinflation observé depuis le début de cette année ».
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