Le budget Barnier risque de diviser par deux la croissance, prévient l’OFCE
Voilà un rapport dont Michel Barnier se serait passé. Alors que le budget 2025 arrive en débat à l’Assemblée nationale, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) alerte sur les risques que fait peser sur l’économie ce premier grand texte du nouveau Premier ministre. Elle pourrait diviser par deux la croissance française en 2025, sans atteindre son objectif de réduction du déficit public, indique une étude publiée mercredi 16 octobre par cet organisme de recherche indépendant, lié à la Fondation nationale des sciences politiques. Une analyse à prendre d’autant plus au sérieux qu’elle rejoint et amplifie les conclusions des premiers experts à s’être penchés sur le projet de loi de finances, celles du Haut Conseil des finances publiques et de l’agence de notation américaine Fitch.
A l’instar du Haut Conseil ou du rapporteur général du budget à l’Assemblée, Charles de Courson, les spécialistes de l’OFCE s’interrogent d’abord sur la présentation du budget retenu par le gouvernement. Dans sa communication politique, Michel Barnier et ses ministres annoncent un effort de 60 milliards d’euros, avec deux tiers de réduction des dépenses et un tiers d’augmentation des impôts. Ces chiffres volontairement impressionnants reposent sur une comparaison entre le budget prévu pour 2025 et un scénario hypothétique où aucune mesure ne serait prise.
Pour l’OFCE, qui analyse le budget 2025 de manière plus classique par rapport à celui de l’année précédente, le mouvement qui se profile tourne autour de 44 milliards d’euros. Une somme déjà conséquente. « Un effort de cette ampleur n’a pas été observé depuis la période 2012-2013 », soulignent les principaux auteurs de l’étude, Eric Heyer et Xavier Timbeau. Mais seulement un tiers de cet ajustement proviendrait d’une réduction des dépenses publiques, et deux tiers d’une augmentation des recettes. L’exact opposé de la proportion affichée par le gouvernement.
Ensuite et surtout, l’OFCE insiste sur l’impact prévisible de ce budget sur l’économie. Selon les calculs des chercheurs, le plan Barnier risque de réduire la croissance de 0,8 point de produit intérieur brut (PIB) en 2025. Le seul choc budgétaire pourrait ainsi diviser par deux la progression de l’activité économique, qui serait ramenée à 0,8 %. Un effet massif, bien plus marqué que ce qu’anticipe le gouvernement, qui veut croire que la croissance restera stable à 1,1% en 2025.
Les experts prévoient 130 000 suppressions d’emplois
Et là encore, l’OFCE n’a inclus dans ses prévisions que les mesures expressément incluses dans le projet de loi de finances tel qu’il a été transmis à l’Assemblée. Les économistes n’ont pas pris en compte les projets supplémentaires que le gouvernement entend proposer par le biais d’amendements, comme l’augmentation de la taxe sur les billets d’avion et les 5 milliards d’euros supplémentaires de réductions des dépenses publiques. « Compte tenu de l’équilibre politique instable à l’Assemblée nationale, il semble prudent de ne pas ajouter ces mesures mal documentées. » ils écrivent. Si ce plan supplémentaire était adopté, l’impact sur la croissance serait encore plus violent, et atteindrait 0,9 point de PIB.
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