Le Brésil hausse la voix
L’opposition de la France au projet de traité entre l’UE et le Mercosur irrite les Brésiliens, dont le pays est le plus important dans ce marché commun sud-américain. Le groupe français Carrefour a été menacé de boycott et le président Lula affirme que le texte sera signé, n’en déplaise aux Français.
La mobilisation des agriculteurs français, tout comme la désapprobation du Parlement au projet de traité UE-Mercosur, fait des vagues au Brésil où le ton monte.
Récemment, Luiz Inácio Lula da Silva, dit Lula, le président du Brésil, n’a pas mâché ses mots :
« Je veux que l’agro-industrie continue à se développer, provoquant la colère d’un député français qui… s’est moqué des produits brésiliens parce que nous allons conclure l’accord du Mercosur. Ce n’est pas tant à cause de l’argent, nous sommes je vais le faire parce que je le fais depuis 22 ans et donc nous allons le faire.
« Et si les Français ne veulent pas de l’accord, ils n’ont pas le dernier mot en la matière, c’est la Commission européenne qui décide. Ursula von der Leyen a le pouvoir de conclure l’accord et j’ai l’intention de signer cet accord ce année. »
Propos formulés lors d’une conférence de l’industrie. Et en guise d’avertissement aux dirigeants et industriels européens, le président Lula a salué le récent accord technologique avec la Chine. Et il a annoncé une prochaine étape avec l’Inde…
De son côté, le PDG du groupe français Carrefour a dû présenter ses excuses plates à Brasilia après avoir assuré que la viande du Mercosur ne serait pas vendue dans ses magasins français. Des menaces locales de boycott avaient éclaté. Les producteurs de viande brésiliens ne voulaient plus approvisionner leurs magasins dans leur pays. Et Mauro Mendes, le gouverneur du Mato Grosso, a annoncé une réponse :
«Je peux aussi te traiter de la même manière que tu me traites. Donc si le Brésil ne peut pas vous vendre de la viande, alors vous ne vendrez pas non plus de produits français. »
L’incident semble désormais clos. Mais Carrefour avait chaud. Le groupe réalise près d’un quart de son chiffre d’affaires au Brésil.
Mercosur, le marché commun (d’Amérique du Sud) regroupe 5 pays : l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay. La participation du 6ème Le pays, le Venezuela, est suspendu depuis 2016. 4 autres nations sont associées (mais non membres) à l’organisation : le Chili, la Colombie, l’Équateur et le Pérou.
Zone de libre-échange, le Mercosur compte plus de 264 millions de consommateurs. C’est la région la plus dynamique économiquement et industriellement de l’hémisphère sud, et la 4ème bloc économique mondial en termes de volume des échanges. Son produit intérieur brut (PIB) représente 82,3 % du PIB total de l’Amérique du Sud.
La France et l’UE ne peuvent donc guère se permettre de négliger ce marché. Paris mène également, entre autres, un programme de transfert de technologie avec Brasilia dans le domaine des sous-marins, et affiche de nombreuses ambitions dans la région. L’enjeu serait donc certainement d’ajuster le projet d’accord plutôt que de rejeter l’idée