Les voitures électriques sont fabriquées, il va désormais falloir les vendre… et ça s’annonce un peu moins facile avec des bonus revus à la baisse. Photo BELPRESS/MAXPPP
L’annonce par les pouvoirs publics de la réduction du montant du bonus écologique en 2025, accompagnée de la fin de la prime à la conversion, sonne-t-elle comme un coup dur pour les ventes de voitures électriques ? On pourrait le craindre, même si Bercy répète que le gouvernement reste «résolument engagé dans l’électrification » et réitère son intention de soutenir un secteur industriel en pleine mutation, et qui a plus que jamais besoin de stabilité et de visibilité.
Sans aller jusqu’à dire que ce sont les plus riches d’entre nous qui ont le plus besoin d’être accompagnés pour acheter des voitures électriques, le fait est que ce sont eux qui tirent le marché : « Si l’on considère les deux derniers déciles de revenus, on constate que les 20 % les plus riches représentent à eux seuls 35 % du marché automobile, toutes motorisations confondues. Et si nous nous concentrons uniquement sur les voitures électriques, nous avons 58% des ventes réalisées grâce aux 20% les plus riches. L’électrique reste vraiment une voiture de riche« , commentait Eric Champarnaud, du cabinet C-Ways, interrogé par Caradisiac il y a quelques mois. Mais les « riches » sont comme les autres, ils sont sensibles aux aides financières et certains de ceux qui hésitent encore avant de faire le changement électrique pourraient préférons tergiverser et choisir un modèle hybride.
« Un signal négatif pour les consommateurs comme pour les professionnels« (Mobiliens)
Dans le même temps, les voitures électriques restent chères pour les ménages les plus modestes, même avec le bonus maximum : l’entrée de gamme Citroën ë-C3, souvent citée en exemple pour illustrer la démocratisation progressive du marché électrique, apparaît toujours en 23 300 € en prix de base. Et si Citroën met en avant un prix de 14 800 € dans sa communication publicitaire (photo), c’est en cumulant 4 000 € de bonus, 3 000 € d’aide exceptionnelle et 1 500 € de prime à la conversion, qui disparaît l’année prochaine. Ce ne sera donc plus exactement la même histoire. Quant à la Renault 5 Five lancée l’année prochaine, qui coûtera un peu moins de 25 000 € hors bonus, elle risque de peiner à convaincre en raison de sa gamme basse et de ses équipements abaissés. Si l’aide est coupée, cela n’aidera pas la croissance de ce citadin fabriqué en France.
« En passant de 1,5 milliard d’euros en 2024 à 700 millions d’euros prévus pour 2025, les pouvoirs publics ont été contraints de faire des choix impossibles dans la répartition des aides à l’achat. Alors que la France a toujours des ambitions pour accélérer l’électrification de la flotte, la réduction budgétaire importante constitue un signal négatif pour les consommateurs comme pour les professionnels.« , s’inquiète le syndicat professionnel des Mobiliens ce vendredi matin. « Le bonus écologique représente un levier central dans la politique de verdissement du parc, dans un contexte où les ventes de véhicules électriques peinent en France et où la norme CAFE atteindra un nouveau niveau en 2025 – rappelons qu’en Allemagne, l’aide à la disparition a provoqué une forte baisse des ventes de véhicules électriques« .
En fait, le gouvernement n’avait pas seulement de mauvaises solutions proposer : il est en effet impossible de maintenir le montant des aides publiques destinées à la végétalisation du parc, de l’ordre de 1,5 milliard d’euros par an. En réduisant ce montant de moitié, les autorités font un choix raisonnable qui poussera les automobilistes vers le choix le plus raisonnable à ce jour, qui est celui d’une motorisation hybride, moins vertueuse mais moins coûteuse. Et s’ils veulent soutenir les ventes de modèles électriques, les constructeurs n’auront d’autre choix que de baisser leurs prix, ce qui ne sera pas une mauvaise chose. Rappelons qu’entre 2006 et 2022, les prix des voitures neuves ont augmenté de 60 % alors que le pouvoir d’achat des ménages n’a augmenté que de 10 %.