CRITIQUE – Le film d’Ali Abbasi, en compétition, dresse un portrait saisissant du jeune promoteur new-yorkais face à la tentation politique.
Dans les années 1970, Donald Trump n’avait pas encore les cheveux orange. Il a déjà un « gros cul », comme lui fait remarquer Roy Cohn, un avocat véreux, conservateur et homosexuel. Conseiller de McCarthy dans les années 1950, cet anticommuniste farouche défendait les intérêts de la mafia new-yorkaise et bientôt ceux de Trump père et fils, promoteurs attaqués pour discrimination raciale par la ville.
Tel un Frankenstein, Cohn façonnera « Donnie Boy », un fils à papa qui perçoit lui-même le loyer au Trump Village de Coney Island, un lotissement insalubre de Brooklyn. Sa créature aura une liposuccion de la graisse du ventre et son crâne ouvert pour la pose d’implants capillaires, mais la transformation est moins physique que politique. Trump profitera des trois règles de victoire inculquées par son mentor : se défendre en attaquant, nier catégoriquement, ne jamais admettre sa défaite. Cohn utilise un langage plus fleuri pour présenter sa vision du monde : « Tout le monde veut sucer un gagnant. »
« Gagner de l’argent est un art »
« Faire l’Amérique…