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Le bilan amer d’un exil pourtant souhaité

Cendres dans la bouchede Brenda Navarro, traduit de l’espagnol (Mexique) par Sarah Mustad, Inkwell Memory, 228 pages, 20 euros

Brenda Navarro, née à Mexico en 1982, est aujourd’hui une voix féministe majeure dans la littérature hispanophone. Son roman s’ouvre sur le suicide de Diego, frère cadet de celui qui dit « je ». Il est sorti par la fenêtre. Elle doit ramener ses cendres au Mexique. L’histoire remonte aux années passées en exil. La mère quitte le pays où « Les femmes, on les tue, on les viole, on les kidnappe ». Ses deux enfants la rejoignirent en Espagne. La terre promise laisse à désirer.

L’immigré est la « pachita », bonne seulement pour le ménage

Les enfants à la peau foncée sont humiliés. Le professeur de musique interdit à Diego de « Appuie-toi au mur car la graisse de tes cheveux y laisse des traces ». Le narrateur, enfant, doit faire du babysitting. L’Europe n’est pas celle que nous imaginions. L’immigré est le « pachita »bon pour nettoyer et essuyer les personnes âgées.

Le retour des cendres au Mexique est l’occasion pour l’héroïne de réfléchir amèrement à l’exil, et l’expérience de la migration s’avère incommunicable. L’écriture de Brenda Navarro, volontairement orale, évite les guillemets. La page est un lieu étouffant. Les mots se collent les uns aux autres, comme les immeubles des quartiers pauvres de Madrid, tous identiques, pour « nous disant qu’on était trop pauvres pour avoir de la couleur ».

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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