Le bel héritage de Johnny Gaudreau

« Une vie n’est aussi grande que l’influence qu’elle a sur les autres. » Cette pensée de Jackie Robinson est gravée sur son monument dans un cimetière de Brooklyn.

Dans son cas, la citation dépassait les limites du sport. Son arrivée en tant que premier joueur noir à évoluer dans la ligue majeure de baseball a servi de levier aux Afro-Américains de son époque.

Jackie Robinson est peut-être un cas singulier dans l’histoire du sport nord-américain. Mais l’influence d’une personne sur la vie des autres peut se manifester de bien d’autres façons.

Payez en avant

L’héritage que laisse Johnny Gaudreau est le plus bel exemple que nous ayons sous les yeux. Les hommages qui lui ont été rendus depuis sa mort tragique en sont la preuve. Ce n’est pas une supercherie, c’est du vrai.

Vous pouvez le sentir, vous pouvez le voir.

Celui que nous avons surnommé Johnny Hockey était un mari aimant, un père attentionné, un fils reconnaissant, un frère solidaire et un coéquipier solidaire.

Les médias sociaux regorgent de courtes vidéos de lui prodiguant des conseils aux hockeyeurs en herbe. Gaudreau était impliqué dans la communauté. Il était conscient de l’impact qu’il pouvait avoir sur les gens, jeunes et moins jeunes. Il était un excellent ambassadeur du hockey.

Des liens indestructibles

Mardi soir, Cole Caufield a annoncé qu’il porterait le numéro 13 cette saison en hommage à Gaudreau, qui a été son modèle dans sa jeunesse. Il semble que comme Gaudreau, Caufield se fiche éperdument de la superstition voulant que ce numéro porte malheur.

Son geste mérite d’être souligné. Dans ce cas, il s’agit d’un petit joueur qui se montre solidaire d’un autre qui était comme lui. Ce type de joueur est habitué à se serrer les coudes.

Presque partout où il allait, Martin Saint-Louis portait le numéro 26 en l’honneur de son idole Mats Naslund, qui a enchanté les partisans des Canadiens au Forum dans les années 1980.

Mémoire éternelle

Le souvenir de Gaudreau restera dans la mémoire collective. Une personne connue dans la fleur de l’âge dont la vie et celle de son frère sont volées par un conducteur ivre frappe l’imaginaire collectif. Mais il faut se souvenir de la même chose pour tous ceux qui perdent la vie à cause de gens irresponsables.

Les proches des victimes anonymes s’en souviendront toute leur vie, mais pour le reste de la société, les souvenirs de ces tristes événements tombent peu à peu dans l’oubli.

Les personnalités publiques deviennent immortelles. Selon notre âge, nous nous souvenons de la mort de Tim Horton, Thurman Munson, Pelle Lindberg et Roy Halladay.

De l’enfer au paradis

Le Journal m’avait envoyé à Philadelphie pour le premier match des Flyers après la mort de Lindberg en novembre 1985. Le gardien suédois s’était établi parmi les joueurs étoiles de la Ligue nationale. Il avait 26 ans.

Un soir, alors qu’il était ivre, il a écrasé sa Porsche 930 contre un mur. Déclaré cliniquement mort à l’hôpital, ses parents ont accepté que ses organes soient prélevés pour être donnés à des malades.

Avant le match que j’ai été appelé à couvrir, Bernard Parent, l’entraîneur des gardiens des Flyers, a prononcé l’éloge funèbre de son défunt élève. C’était probablement la seule fois où le Spectrum, qui était l’aréna le plus intimidant de la LNH, a fait preuve de décorum. Mais une fois le match commencé, les Flyers ont retrouvé leur combativité débridée.

Un homme du nom de Darren Jensen était dans le filet lorsque les Flyers ont battu les Oilers d’Edmonton, alors doubles champions en titre de la Coupe Stanley, 5-3.

Rempli de malheur

Lundi, parents et amis accompagneront Johnny et Matthew Gaudreau à leur dernière demeure. Tous se souviendront de l’impact que les deux frères ont eu sur leur vie.

La compagne de Johnny lui a déjà donné le plus beau témoignage possible.

« Même si je t’ai perdu, je suis toujours la fille la plus chanceuse du monde parce que j’étais ton partenaire », a-t-elle tweeté.

Il n’y a rien de plus à ajouter.